Je suis un Méditerranéen, né à Perpignan et ayant passé toutes mes vacances d’été au bord de la mer Méditerranée, à l’Escala (Espagne) et à Canet en Roussillon. J’ai baigné dans la culture Catalane, ancienne thalassocratie méditerranéenne avec le Royaume d’Aragon. J’ai aussi été influencé par la culture Italienne par ma grand-mère paternelle. Tout en moi est au diapason de cette mer, elle m’inspire tant par ses beautés sauvages que ses paradoxes et ses excès et je me sens intimement proche de tous ses
peuples. Car il y a un trait d’union à travers l’ensemble des pays de ses rivages, l’olivier mais aussi la garrigue et une
certaine nonchalance de ses habitants, nourris par un art de vivre singulier. Comme si, perturbés par les vicissitudes de
l’Histoire jalonnée de conflits, les Méditerranéens se seraient lassés et auraient fini par se satisfaire du temps qui passe et
des plaisirs de la vie. Mais le monde moderne essaye sans cesse de remettre ce mode de vie en question, inspiré par le
productivisme anglo-saxon basé sur le profit et la performance.
Il convient tout d’abord de faire les présentations de mon fidèle compagnon, BABAR et de son terrain de jeu la
Méditerranée.
BABAR est un voilier, modèle Pogo 850 du chantier Structures, il mesure 8,50m pour 3,60m de large. C’est un
typique voilier de course croisière créé pour affronter la haute mer. Le confort n’est pas son atout premier en ayant juste de
quoi dormir, faire un peu de cuisine et un wc marin (c’est-à dire qu’on pompe pour vider la cuvette). Tout est fait à bord
pour optimiser la performance du bateau, une belle garderobe (grand voile, solent, génois, trinquette, gennaker, spi
symétrique) et une coque bien entretenue.
Je l’ai acquis en 201 5 et n’ai eu de cesse de l’améliorer et de le chevaucher à travers les Baléares, la Costa Brava, le Roussillon, le Var, la Corse. Car notre bassin de prédilection est la Méditerranée. On entend beaucoup de choses sur la navigation en
Méditerranée. Et surtout beaucoup de bêtises émanant soit de personnes qui n’ont jamais vraiment navigué réellement
soit qui n’y connaissent rien par ignorance objective. La Méditerranée est une mer pouvant parfois créer des
problèmes aux navigateurs par ses humeurs capricieuses qui ont inspiré tant de récits antiques. Il y a parfois un vent fou qui
succède aux calmes plats. Mais quand on prend le temps de comprendre ses nombreux systèmes météos, l’influence des
reliefs, des caps, des vallées, le plaisir de naviguer, par sa complexité, est total. La nonchalance des méditerranéens
vient aussi du climat ; quand le vent est trop fort ou trop faible, on reste au port ou au mouillage et on profite des beautés de
la nature ou des vestiges laissés ça et là par les civilisations. Ou on part découvrir ce joli petit village blanc éclatant sous le
mordant du soleil, en quête d’une petite taverne ombragée pour déguster un blanc d’Ischia ou « una pomada » (gin de
Minorque) à l’ombre d’un olivier ou d’une tonnelle. Il suffit alors de laisser ses sens prendre possession des lieux,
écouter les pêcheurs discuter en dialecte sur la maigre pêche de la nuit, sentir les odeurs de la roche à fleur d’eau mouillée d’iode, s’éblouir le matin par le scintillement de la mer au large, ressentir sur sa peau la douce chaleur progressive du
soleil. Et rêver de partir ou repartir. Le récit que je vous propose est à la fois une déclaration d’amour à cette mer mais aussi le fruit de mes navigations en son sein. Vous aurez accès à mon journal de bord dans lequel je dévoile aussi mon intimité, mes humeurs et mes chagrins.
Il est temps maintenant d’embarquer sur Babar !
Babar est le Pogo 850 n°68 issu du chantier Structures.
Il a été créé en 2004 sur la commande d’un sympathique couple que j’ai eu l’occasion de rencontrer quelques temps après mon acquisition.
Le Pogo 850 est réputé pour sa fiabilité et ses performances lors de transatlantique en duo ou en solitaire. C’est oublier vite que c’est un bateau parfaitement polyvalent qui, en faisant preuve de réglages fins, s’adapte à toutes les conditions, au près comme au portant.
Au-delà d’être rapide, il est surtout d’une stabilité de route exceptionnelle. Même avec 25 noeuds de vent au portant, vous pouvez facilement lâcher la barre pour aller dans la cabine chercher une bouteille (d’eau…).
Ensuite c’est un bateau très confortable à la mer comme au port surtout pour 2 personnes. Le carré est très grand et la cabine arrière aussi. Toutes les personnes que j’ai fait monter à bord ont toutes été surprises du volume.
Une contrainte (qui est un avantage…) : tout le bateau est rempli de mousse permettant de garantir l’insubmersibilité du navire. Oui je sais on disait pareil du Titanic. Mais là, c’est vrai.
Babar est très bien équipé avec notamment une centrale de navigation et un pilote NKE sur vérin hydraulique, le Graal du solitaire (comme moi principalement). J’avoue que j’use et abuse de cette fameuse télécommande autour du cou pour commander le pilote.
Donc au chapitre des idées reçues sur ce type de bateau à coque dite planante :
C’est une luge au portant et un veau au près : FAUX ! certes si on pilote comme un couillon au près on se prend les vagues de façon brutale et le bateau tape. Mais si on y va avec doigté, ça passe sans problème. Il suffit d’abattre une fois sur la crète de la vague et de régler les voiles comme il faut. Par contre, c’est vrai qu’au portant c’est un régal total.
Au mouillage, il fait l’essuie glace et est très inconfortable : FAUX ! il a un fardage moins important que la plupart des bateaux et donc une prise au vent moindre. De plus sa carène très large roule beaucoup moins au mouillage.
C’est un bateau de course, pas fait pour la croisière : FAUX ! il est justement fait pour la croisière. Bien entendu pour ceux pour lesquels croisière rime avec navigation et pas uniquement rester au port ! car c’est un plaisir que de passer son été à naviguer plutôt à la voile que au moteur. La preuve par l’exemple : l’été 2015, j’ai fait 80 à 90% de voile et utilisé le moteur principalement pour recharger les batteries ou les manoeuvre de port/mouillage (30l sur 3 semaines et demi). En plus, on prend un tel plaisir à naviguer à la voile même dans le tout petit temps que l’on se passe aisément de moteur.
Il est lourd, a une grande surface mouillée et est mauvais par petit temps : FAUX ! lorsque l’on prend plaisir à manoeuvrer et régler les voiles et le gréement, on arrive toujours à le faire avancer même par très très petit temps. De plus sa garde robe lui permet toutes les combinaisons.
Bref, je n’ai pas beaucoup de reproche à lui faire. On verra avec le temps.
J’espère que, au travers de ce blog, celles et ceux qui s’intéressent à la voile et au bateau prendront du plaisir à me lire et regarder mes photos et videos. Quant aux autres… et bien pareil !
Et en plus il a une belle gueule (je parle du bateau :-)), ce qui est indispensable pour un bon bateau de croisière!
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Merci Seb !
A bientôt sur l’eau ?
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