Je suis las, fatigué du mépris habituel que je ressens de la part du reste de la France sur ma si chère Catalogne.
D’ailleurs pourquoi parler de Pays Catalan et pas de Catalogne Nord comme c’est ainsi dans les milieux catalanistes depuis le XIXe siècle ? Car effectivement Pays Catalan est aussi inexact que la nouvelle région administrative occitanie qui va bien plus loin que la région de Toulouse (de l’Aquitaine au piémont italien). On parle de Pays Catalans au pluriel pour désigner toutes les régions où l’on parle Catalan et qui sont baignées d’un fond culturel relativement homogène : de Perpignan jusqu’à Alicante en passant par les Baléares et même en Sardaigne (origine de la Sardane ! La danse traditionnelle catalane).
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Pays_catalans
On n’assume pas Catalogne Nord car cela effraie nos si fragiles petits parisiens épouvantés par l’éventualité d’un irrédentisme Catalan source de séparatisme. Et nos médiocres élites locales si appliquées à ne pas froisser leur susceptibilité, eux qui ne rêvent que d’une chose : leur servir de paillasson électoral pour qu’ils leur donnent quelques miettes de pouvoir (la visite de Sarkozy dernièrement pour sa campagne est éloquente à ce sujet). Les pauvres petits parisiens qui sont si admiratifs des Corses lorsque ceux ci font péter 2 ou 3 baraques alors qu’en Catalogne où la tradition est à la négociation sans violence, ils ne font preuve que de mépris et de suffisance. Mais l’histoire nous apprend que les français n’ont souvent compris que la violence pour accepter le changement (Révolutions, guerres d’indépendance arabes et d’Indochine).
Que se passe t il donc dans cette si docile Catalogne Nord depuis quelques temps ?
Le nouveau découpage régional décidé au coin d’une table parisienne entre un traître Catalan et un président faussement démocratique a intégré le département de Perpignan dans le giron de Toulouse. Soit, entre Montpellier, Toulouse ou Tombouctou on en a rien à secouer. Mais voilà, dans le système autocratique qui gère la vie politique de ce pays, les politiciens s’évertuent à gérer plus leur carrière que le bien public. Et qu’est ce que fait un élu d’une nouvelle entité pour marquer son territoire ? Il change le nom de la région autour d’une fausse consultation populaire pour asseoir sa pseudo légitimité. C’est ce qu’a fait Carole delga qui a, depuis ses 20 ans, connu que la politique sans avoir rien fait d’autre de sa vie. En politicienne professionnelle elle sait donc y faire surtout quand il s’agit de manipulation et de déni démocratique.
Pour faire plaisir à son fond de lobbyistes toulousains elle a jeté son dévolu sur une appellation incongrue de la nouvelle région que la facilité aurait voulu que ce soit l’union du nom des 2 précédents régions (Languedoc Roussillon Midi Pyrénées : lrmp) en soutenant : occitanie ! Balayant et annexant la culture Catalane certes minoritaire mais néanmoins bien présente en tout cas plus que l’Occitane en signes extérieurs (événements culturels à saillance Catalane, vivacité de la langue, topographie, liens transfrontaliers…).
Pourquoi ça ne passe pas ?
– l’appellation Occitane est fausse.

Oh qu’est ce que l’on voit ? Et bien que le territoire de l’occitanie est bien plus vaste que ça + que le territoire de la Catalogne Nord ne fait pas partie de ce territoire. Cette approximation historique et géographique est typiquement française : on refait l’histoire quand ça arrange et on joue de façon légère avec les frontières par le jeu du nombre.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Occitan
– la consultation « populaire » a été trafiquée. Tout simplement car par le jeu du volume il était évident que les Catalans allaient être sous représentés dans le vote et que cela allait entraîner un déséquilibre des votants.
– cette consultation a été organisée de façon douteuse en ouvrant le vote à tous les francais sauf ceux habitant à l’étranger (tous les Catalans du nord ou aimant la Catalogne et qui travaillent à l’étranger étaient donc exclus). Le procédé est donc ségrégationiste.
– la référence à l’occitanie est une blague car celle ci n’a jamais existée comme entité homogène.
– faire référence à une seule culture alors que la région rassemble 2 cultures (l’Occitane et la Catalane) est une forme d’annexion scandaleuse et unique. Est ce que les élites parisiennes auraient osé créer la région Grand Est en l’appelant la « grande lorraine » et les basques ? si leur région s’était appelée occitanie avec finalement autant de légitimité auto proclamée que nos amis de Toulouse ?
– certains, même ici en Catalogne Nord, cherchent à minimiser le problème à travers des arguments court-termistes et populistes : il y a d’autres problèmes à régler, le chômage, le dynamisme économique… je suis d’accord mais alors pourquoi avoir voulu rajouter un problème à travers cette histoire de nom sachant les crispations et divisions que cela allait avoir comme conséquence ? D’autant que l’appellation d’un site est capital pour développer une spécificité commerciale propre. Que serait la Toscane si on changeait le nom ? Ou la Bourgogne ? Car derrière un nom il y a une culture et derrière une culture il y a une communauté et ensuite une ribambelle de savoir faire etc… rayer la spécificité Catalane du lieu c’est aller vers le conformisme, l’oubli et bien entendu la misère économique.
Bref on est en plein délire. Et quand je rajoute la grande manifestation du 10 septembre à Perpignan qui a rassemblé plus de 10 000 manifestants pour la reconnaissance du Pays Catalan dans le nom de la région, on est en plein déni de démocratie. Mais ces gens professionnels de la politique sont autistes et sont les faussoyeurs de la démocratie. Même Georges Freche, pourtant dirigeant autocratique notoire, avait retiré son projet de changement de nom de la région en Septimanie sous la pression de 5 000 Catalans dans la rue en 2006. Ici c’est le double et rien ne change.

Avec cette approximation historique et ce déni de démocratie, Carole delga et ses amis parisiens seront les premiers coupables d’une montée de Catalanisme. Il ne faudra pas venir pleurer avec des discours convenus si le mouvement se durcit…
Alors que tout aurait été si simple avec un nom géographique sans référence à une culture unique. Mais non, en France ce qui est simple est suspect…