Lundi 13 août 2018
Je commence l’écriture de ce post alors que je suis encore en mer à 15 milles nautiques de l’arrivée à Saint Cyprien. Je suis parti ce matin tôt de Cap d’Agde.
Mon esprit de marin amateur superstitieux est un peu chagriné car il ne faut pas écrire sur l’arrivée alors que l’on n’a pas encore tourné les amarres du bateau au quai… Mais peu importe il faut savoir vivre dangereusement.
Hier dimanche j’ai quitté Port Camargue après quelques jours de repos et de moments partagés avec ma tante sur Sommieres. J’étais comme un poisson dans l’eau mais il fallait bien repartir. À dire vrai j’avais hâte de rentrer et clôturer cette croisière qui aura été, comment dire… Initiatique…
Je quittai donc Port Camargue non sans aller saluer mes amis de Petit Vent de Sud (voir croisière de l’an dernier aux Baleares) qui étaient à l’escale eux aussi.
Peu de temps après la sortie de la baie pétolesque (néologisme signifiant zone de pétole, autrement dit sans vent) du Grau du Roi le vent montait progressivement et la croisière de plus de 35 milles pouvait commencer. Elle se déroula en grande partie au travers sous gennaker puis au près sous génois. Pour éviter ces satanés parcs à huître entre Sète et Cap d’Agde je fus obligé de serrer le vent au maximum car celui ci venait plus au sud au fil du temps.
Vidéo de la nav :
Vidéos visite de Babar :
Le Mont St Clair de Sète
En longeant les plages bondées du Languedoc j’imaginais les hordes de beaufs sur les plages et là, à ce moment je me pris pour un Dieu qui observait ces créatures avec distance. Oh attention un dieu modeste, pas tout puissant, un dieu inconnu des hommes. Ou un demi dieu…:-). Ce n’était pas un sentiment négatif condescendant mais juste comme si j’étais dans une dimension parallèle aux autres gens. Un peu comme quand vous vous baladez dans un jardin. Il y a certainement des fourmis mais vous n’en avez pas conscience tant que vous ne les observez pas. Et bien c’était un peu ce même sentiment.
À noter au large du Cap d’Agde 2 gros dauphins communs croisés mais pas joueurs pour deux sous…
J’arrivai au Cap vers 18h30 avec évidemment la capitainerie fermée et je dus me démerder pour trouver une place et m’amarrer. Un couple de voisins suisses sympas me prêta la clés des sanitaires pour une douche bien méritée. De retour au bateau le bosco du port en veille pour la nuit vint à ma rencontre pour réclamer son du… 30€ trop cher pour ce que c’est mais en prime il m’offrait une bouteille de rosé… Sympa quand même.
La soirée et la nuit furent dantesques. J’étais au bout d’un ponton flottant dans l’avant port. Certes au calme et loin du centre ville mais assez exposé au clapot. Et j’ai pas été déçu. Des orages énormes ont éclatés dans la nuit et m’ont obligé de revoir mes amarres qui faisaient danser la gigue à Babar.
Au petit matin réveil à 7h pour partir vers 7h40 direction le port final Saint Cyprien. J’étais obligé de partir ce jour même si l’envie n’était pas vraiment là avec une ambiance morose et un temps pas terrible.
Une fois sorti du port une belle et grosse houle me cueillit alors que j’étais à peine réveillé. Un vent soutenu de nord ouest balayait tout le plan d’eau. OK ça allait être sportif !
Un lever de soleil un peu fantomatique. Le bateau au loin s’appelle Panda 27 qui revient d’une belle traversée un peu difficile depuis Minorque. Jean-Etienne son skipper m’a contacté par e-mail suite au blog et envoyé la photo ci-dessous. Bon vent à lui !
Au-dessus la vitesse du vent apparent (vent réel + vitesse du bateau en gros). En dessous la vitesse fond (vitesse réelle) du bateau.
J’ai battu des records aujourd’hui. J’allais comme une balle avec solent en voile d’avant (j’avais changé mon génois et j’ai été bien inspiré car il m’aurait créé des ennuis si je l’avais gardé par ces conditions) et grand voile haute au bon plein. J’allais à plus de 7.5 noeuds et parfois 8.5 voire 9 nœuds. Attention je parle de moyenne de vitesse, pas de pic. Résultat en 2h15 j’avais déjà fait 20 milles sur une route qui en comptait 45. Superbe mais fatiguant avec la houle.
Durant cette navigation je constatai une fois de plus un phénomène que je ne m’explique toujours pas. En Méditerranée lorsque vous avez un bon vent bien soutenu mais sans réel danger vous regardez autour de vous et vous ne voyez quasiment aucun bateau en mer. Ça c’est pour le constat. Et tout à coup lorsque les conditions s’apaisent, très vite comme surgissant de nulle part de nombreuses voiles près des côtes font leur apparition. Et lorsque les conditions se remusclent ces voiliers disparaissent aussitôt. C’est hyper agaçant et incompréhensible d’autant que tout se déroule de façon très rapide. Enfin si j’ai une petite explication : ils ont peur et ne sortent en mer que lorsqu’ils n’ont pas à réellement utiliser leurs voiles. Je sais c’est dingue mais le nombre de voiliers que je croise à sec de toile moteur à fond avec 15 nœuds de vent est révélateur de cet état de fait. Et ce sont souvent de gros voiliers performants. Allez comprendre… Nombre de plaisanciers ont un bateau pour prendre l’apero ou faire le malin rarement par amour absolue de la mer.
Quelques vidéos de la nav entre Agde et St Cyp :
Puis le vent commençait à mollir et c’est par un sympathique vent de sud est que je finissai cette croisière encore une fois tout à la voile. J’arrivais vers 15h à Saint Cyprien en ayant mis 7h pour faire 45 milles ce qui est plus qu’honorable.
Ce soir bonne bouffe en famille et dodo !