Mercredi 8 mai

La guerre de 39/45 est finie mais ça sent la bataille en mer aujourd’hui ! 20 à 25 noeuds de vent de Sud et Est… Ça va envoyer de la mer tout ça.

Le temps est très maussade avec du vent, un ciel bas et de gros nuages gris. Personne de la Capitainerie n’est venu me voir pour régler l’escale. Je suis tenté de me barrer sans aller les voir mais je suis pris de remords et décide d’aller m’arrimer au ponton du carburant pour aller payer mon du. L’endroit semble vide. J’arrive néanmoins à voir le directeur du port qui, grand prince, m’indique ne rien devoir, c’est la maison qui régale ! C’est assez rare pour être souligné.

Dès la sortie du port, un vent froid et humide me fait comprendre que la navigation prévue jusqu’à Toulon de 15 milles va être dure. Je commence avec un ris dans la grand voile pour naviguer au près serré jusqu’à Porquerolles.

Arrivé dans la passe de l’île, je vire de bord pour me retrouver au travers en renvoyant le ris et grand voile haute. Le vent et la mer se sont un peu calmés par l’influence de l’île. Beaucoup de voiliers semblent avoir eu la même idée que moi et profiter de ce vent d’Est certes musclé pour faire de l’Ouest avant le grand frais de Nord Ouest prévu demain. Je les dépose tous les uns après les autres avec plus de 7 nœuds de moyenne.

Une fois Porquerolles dépassée, je me retrouve avec le vent et la mer du large. Celle-ci est bien agitée avec des creux de 2m désordonnés propices à un mal de mer. Je double bientôt un remorqueur qui tractait 2 blocs de pontons en acier ou je ne sais quoi et faisait route vers l’ouest.

Le vent réel est à 25 noeuds et les vagues de plus en plus hautes. Au large du Cap Cepet je vire lof pour lof avec prudence pour éviter de me faire embarquer par une défélerante. Me voici désormais tribord amure au travers grand largue cap vers la rade de Toulon. J’avance à tout casser à plus de 9 nœuds et des surfs à 11 nœuds.

J’arrive bientôt dans la rade avec un vent toujours présent mais la mer calmée par l’influence de la côte. L’arrivée est spectaculaire avec tous les bâtiments de guerre. Ça sent l’histoire ancienne et les heures de gloire de la Royale (le nom de la marine française). Je me rends compte finalement que la marine participe à la fierté d’un pays… Moi patriotique Catalan je le reconnais… 😉

J’arrive au port du Mourillon darse Nord, lieu de villégiature de Babar pour les 2 prochains mois. Personne à la VHF, personne sur place… Vide. Je m’installe néanmoins à une place et croise des gars pour pouvoir à minima aller me doucher.

Après ce moment revigorant, nécessaire pour reprendre une tête humaine, je vais en quête d’un resto sur le port. Ensuite c’est visite du musée de la marine.

Je suis retourné au bateau car il pleut sur la rade. Il fait froid, humide… C’est triste et un peu glauque. Je suis allongé dans le carré de Babar et repense à ces dernières aventures en regardant dehors, par la descente, la pluie tomber. J’ai le cœur léger et bien rempli, de souvenirs gravés et de sensations riches. De mon départ de Leucate en passant par Sète jusqu’à l’apothéose de cette douce journée d’hier en bonne compagnie. Le bateau rend les moments intenses et vrais. Il n’y a pas de superficialité, pas de resto à la mode ou de sensations et souvenirs achetés comptant, il n’y a que des expériences d’aventure et de vie. Je me sens si éloigné des considérations du monde, j’apprends que la femme du prince anglais a pondu son lardon. Mais qu’est ce qu’on en a à faire nom de Zeus ! Avec mon bateau je construis ma vie comme cela me chante, je ne suis spectateur d’aucune vie de quiconque, je suis l’acteur et le metteur en scène. Et le reste autour ce sont des intermittents du spectacle !

C’est maintenant terminé pour les aventures de Babar pour ce printemps. Demain sera consacré à l’entretien du bateau. Suite aux prochains épisodes… To be continued…