Jeudi 9 juillet 2020
Lever 7h du mat’… Il fait lourd et j’ai hâte de reprendre le large rafraîchissant. La météo prévoit pétole début de matinée puis un régime de sud ouest bien établi. Je devrais rapporter la carte d’accès au ponton et sanitaires à la Capitainerie mais au vu de leur amabilité j’ai la flemme de faire les 800m aller et 800m retour pour leur remettre en main propre. Je la laisse soigneusement posée près de la borne incendie du ponton et leur envoi un email leur précisant tout cela. Go Fuck.
Nous partons cap au sud, encore plus loin, vers d’autres contrées. Nous allons vers la première des îles Pontine : Palmarola distante de 55 milles Nautiques. L’évocation d’une navigation en direction d’îles au large fait ressortir des fantasmes d’enfant. Une excitation d’aventure empreinte d’une curiosité quasi scientifique d’un explorateur. Ici tout a été découvert depuis longtemps, mais la quête personnelle et intime reste toujours vive.
Je prépare le petit déjeuner en mer en profitant de son calme apaisant à ce moment de la journée. La mer est vivante, elle vit comme nous au même rythme dicté par les astres. Le matin elle est souvent endormie, puis quelques risées la réveille, à midi elle commence réellement sa journée, l’après midi elle vaque avec frénésie à ses occupations pour s’apaiser le soir venu. Nous suivons d’ailleurs son rythme aujourd’hui encore. Je hisse la toile vers 10h et arrête enfin le moteur. Le temps est idéal pour envoyer le spi que je remplacerai plus tard par le gennaker vers 14h. Et c’est sous cette voile que nous arrivons en vue de la première des îles Pontine en fin de journée non sans avoir été salués par des dauphins venus jouer à l’étrave pendant une assez longue durée. Jouant, sautant, vire voltant en nous montrant leur joli ventre blanc.
L’île Palmarolla est une haute muraille dressée au milieu de nulle part. On ne distingue aucune plage pour accoster. La seule possibilité semble être une petite plage sur son versant nord inaccessible sous vent dominant comme aujourd’hui. Derrière un cap, je distingue une zone de mouillage qui a l’air parfaite avec peu de navires et une grande étendue de sable clair indiquant un mouillage de qualité pour l’ancre. Les falaises sont hautes et aux couleurs multiples, du blanc étincelant au jaune ocre. C’est magnifique et sauvage. Quelques points blancs sont visibles par ci par là. Nul doute, avec des bêlements qui résonnent, ce sont des chèvres sauvages. Dessous, au niveau de la mer je distingue des grottes. L’endroit est sauvage et d’une rare beauté. La soirée se déroule au diapason de cet écrin, magique.
Vendredi 10 juillet.
Nous sommes réveillés par une forte houle à 5h du matin. La mer est ainsi et fait payer l’accès à ses trésors. C’est aussi une leçon de vie, souvent amère, tout a un prix. La veille, découverte d’un trésor, le lendemain, passage à la caisse. Le vent soutenu de la veille (et qui a soufflé toute la nuit) qui nous a permis de rallier Ostia à l’île en un temps record a généré une houle qui a, contre toute attente, contourné le cap que je pensais nous protéger, pour nous cueillir comme des figues mûres. Nous décidons de lever l’ancre à 7h n’en pouvant plus. Direction la cala Brigantina plus à la pointe méridionale de l’île. L’endroit est sublime avec de très hautes falaises blanches d’apparence hostile. Impossible de s’arrêter, le fond est incertain et garni de rocher. Allez hop, cap sur Ponza, l’île principale de l’archipel distante de 9 milles. Nous faisons le trajet au moteur car le vent ne nous est pas favorable.
L’île de Ponza est longue et fine et sa partie sud doit forcément être un excellent abri à la houle du nord. Dès l’arrivée nous sentons l’histoire de l’empire Romain. Des carrières, des ruines, et, à l’arrivée au port, des infrastructures portuaires et des excavations dans la roche pour élever des murènes (oui les Romains en étaient friands… Ils les utilisaient aussi comme moyen de mise à mort en balançant des condamnés dans une piscine remplie de ces jolies bestioles…). La vue, lente, en voilier, du village principal de l’île, est un enchantement. Des maisons aux couleurs vives diverses, du bleu au rose pâle. Nous faisons un tour de touristes dans le port notamment pour apprécier la qualité d’un futur mouillage en son sein. Car celui ci n’est autorisé que de 19h30 à 9h30. En attendant nous irons dans un spectaculaire mouillage plus à l’est devant d’impressionnantes falaises blanches et ocres. L’île est peut être la plus belle qu’il m’ait été donné de voir. Elle est ourlée de grandes falaises laissant suggérer son passé volcanique avec des strates de roches aux couleurs diverses. Nous apercevons même parfois des grosses saignées de souffre pétrifié. Au loin, dans la cala d’à côté, j’aperçois une épave échouée d’un gros cargo. Dommage qu’il soit interdit d’aller le visiter en snorkeling. Comment a t il pu aboutir ici ? Mystère. En attendant nous devons faire avec un grand nombre de bateaux autour de nous, surtout des bateaux moteurs, nuisibles parmi les nuisibles. Je te foutrais tout ça en l’air moi. Je déclare de façon pérentoire et assumée : « les bateaux moteur c’est dépassé et contre le sens de l’histoire ! ». Mais je pense qu’avec Doriane nous sommes tels des Don Quichotte car ces engins de merde sont à l’image des besoins de notre époque : individualiste, le besoin d’aller vite au plaisir, toujours plus. Et le vernis d’écologie est écorné à cette triste réalité. Le pire étant que je pari que certains d’entres eux sont ecolos à la ville !
Il est 17h et il est temps de relever l’ancre pour aller au mouillage du port. J’ai eu raison d’appareiller rapido car nous sommes parmi les premiers sur place et je peux peaufiner mon mouillage face à cette belle cité colorée. Quelques minutes après c’est la fête du n’importe quoi. Des dizaines de bateaux arrivent de nulle part pour faire comme nous et on se retrouve au milieu d’un parking à bateaux. Je rêve d’îles perdues et de rivages grecs…
Nous allons à terre. Le problème à Ponza est qu’il est difficile d’amarrer l’annexe sans succomber à la soif de pognon des locaux, car tous les pontons sont privés et les mecs demandent 20€ pour 3h. Fuck bien sur. Je nous dégotte une petite place de rien du tout contre des petits bateaux de pêche au fin fond du port. Nous sommes pris à la gorge par le décalage terrible entre la belle vision de ce village depuis la mer et sa triste réalité. C’est St Trop. Un monde dingue, des bimbos refaites de a à z, des gros cons aux pantalons colorés l’air prétentieux et des locaux assoiffés par les devises de ces hordes. Bref de la merde. On se cherche un resto. On en trouve un à l’écart de la cohue. Problème, pas de Pasta senza glutine et des moules au lieu des vongole. Et le tout cher pour des pasta. On se lève et on va ailleurs. Sur le port une petite gargotte attire mon attention. Autre problème, après 1h30 d’attente, toujours pas de service. On décide de quitter cet enfer et retourner au bateau planifier notre départ de cette île magnifique mais vérolée par l’adoration au dieu tourisme de masse.
Ponza
Cette traversée de palmarolla a ponza par la difficulté rencontré est une belle leçon de vie.
Cette variété de structure avec comme train d’union la végétation méditerranééne et les vestiges romains font de ces iles un enchantement.
Quel bonheur pour nous de lire cette belle aventure au fur et a mesure des parutions.
Gros bisous
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