Le Golfe de Corinthe

Mercredi 23 septembre 2020

Si on m’avait dit que j’irais un jour en voilier dans le golfe de Corinthe, je ne l’aurais pas cru. Et pourtant ça y est on est partis. Il est encore tôt, tout est calme dans ce mouillage de Messolonghi, je relève l’ancre de concert avec le bateau Xenon. J’éprouve un peu de difficulté à la remonter croyant que celle ci s’est encore bloquée au fond mais tout va bien, il s’agissait juste d’un effet ventouse avec la vase compacte.

Nous empruntons à nouveau le long canal avec les maisons sur pilotis. Il n’y a pas un souffle d’air jusqu’à la sortie où un léger vent de sud est nous interdit la route directe vers Patras. Je dois tirer des bords pour arriver enfin à me positionner sur la bonne trajectoire vers le fameux pont qui relie le Péloponnèse à la Grèce continentale. Des montagnes imposantes bordent le littoral et forment comme de hautes murailles qui rendent les prévisions météos compliquées. Des nuages menaçants arrivent du nord ouest. Un vent fort est prévu avec quelques grains. À l’approche du pont je décide de prendre un ris dans la grand voile par précaution et pour éviter de me faire une fois de plus surprendre. J’avoue que je pêche par excès de prudence mais nous sommes à la fin de la croisière et je ne veux pas prendre de risque.

Nous arrivons en vue du pont de Rion-Antirion. C’est un véritable ouvrage d’art mis en service en 2004. Il fait 2884m de long et 163.7m de haut. Il y a 3 passages pour les bateaux. Côté nord pour les navires venant de l’est, au centre les navires commerciaux, au sud les navires venant de l’ouest. J’appelle sur la Vhf les autorités pour me signaler. Mon interlocuteur et moi même parlons dans un anglais un peu grossier mais on arrive à se comprendre, c’est l’essentiel, et celui ci me donne l’autorisation de passer « starboard », c’est à dire par mon côté tribord.

Une fois le pont passé, nous sommes vraiment dans le golfe de Corinthe. C’est une véritable mer intérieure totalement entourée de montagnes avec son système météo propre. Le littoral est parfois vert, parfois désertique. Au passage d’un cap où nous pouvons voir un grand nombre de kite surf, le vent se renforce pour ne plus nous quitter jusqu’à l’arrivée à notre escale du jour, la petite île de Trisonia. Je crois d’ailleurs que c’est la seule île du golfe. Pour y accéder, je passe par un goulot entre le continent et celle ci et arrive par son côté nord.

Le petit port est extrêmement bien protégé, lové dans une belle crique avec un petit hameau de maisons. Nous nous amarrons le long d’un quai en béton avec l’aide d’un toulousain qui navigue avec sa compagne et leur nourrisson. Nous sommes totalement charmés par la beauté des lieux. Tout est calme, et on ressent un bien être certain autour d’une petite communauté de plaisanciers, pour certains installés à demeure ici, pour d’autres de passages comme nous. Le petit village est d’un charme désuet avec les éternelles tavernas et un hôtel sur les hauteurs étrangement moderne pour l’endroit. Nous allons d’ailleurs y prendre une douche pour la somme de 4€. Petite anecdote sympatique, nous croisons 2 lapins sur le terre plein derrière le port !

La petite place du village est exposée côté nord avec vue sur le continent. Tout autour, des barques de pêcheurs colorent l’endroit et des chats nonchalents occupent les lieux. Une église Orthodoxe paradoxalement imposante pour le site et sa très faible population, trône au dessus du village entourée d’oliviers argentés. Nous sommes alpagués par des gars des Tavernas, certainement pressés par la faible fréquentation et le nécessaire besoin de rentabilité. L’un d’eux nous fait même visiter les cuisines…

Kaitos arrive

Nous sommes rejoints par l’équipage de Kaitos, Jean-Yves et Eliane pour aller dîner dans une taverne. L’orage nous surprend et la nuit promet d’être humide. Où est passé le climat grec tant vanté, celui ci est pour l’instant plutôt venté ?

Bon à savoir :

  • Le petit port de Trisonia est idéal pour une escale, même pour hiverner le bateau. Il est à l’abri du vent et
    l’ambiance est un peu bohème avec des bateaux ventouses qui ont pris racine. Un préposé passe le matin et nous
    avons payé 3€… certains postes ont de l’électricité. Pour prendre une douche, aller à l’hôtel, c’est 2 €.

Jeudi 24 septembre 2020

Le vent a soufflé toute la nuit avec des passages orageux qui ont, une fois de plus, lavé le pont du bateau. Nous serions bien restés dans ce joli endroit mais la météo décide pour nous et un vent soutenu est prévu pour la journée, idéal pour nous pousser vers notre prochaine destination, Galaxidi à 20 milles d’ici. J’ai conservé le ris dans la grand voile car 25 noeuds de vent d’ouest sont prévus. Soyons clair, en temps normal j’aurais largement conservé la grand voile haute mais j’avoue être un peu secoué depuis plusieurs jours et ma confiance en la météo est fortement émoussée. Toujours est il que nous faisons du 6 noeuds alors que, au vu des conditions et des vagues qui nous poussent au derrière, nous aurions pu aisément faire du 7 et 8 noeuds de moyenne. Mais qu’importe LaFontaine plaide pour moi…

Le vent fraîchit de plus en plus au passage du cap Andromachi au sud de Galaxidi. Mais, une fois celui ci passé, le vent s’éteint progressivement comme si quelqu’un avait éteint le ventilo. Jusqu’à la pétole complète m’obligeant à faire les derniers petits milles au moteur. Nous décidons d’ailleurs de ne pas aller à Galaxidi dont le port ne m’inspire guère confiance avec toujours le système d’amarrage à l’ancre et poupe au quai. Le vent prévu serait sur notre travers, ce qui serait périlleux si celui ci venait à forcir. Nous décidons donc d’aller à Itéa à 3 milles au nord de la baie. Le port me paraît plus sécurisé avec amarrage le long d’un quai sous le vent dominant.

Dès notre arrivée nous sommes sous le charme de cette station balnéaire uniquement fréquentée par les grecs. Celle ci me fait penser à un mélange entre Roses, L’Escala et parfois Perpignan à travers les rues pavillonnaires de Saint Martin. Je me sens bien ici blottis dans un endroit familier. Le paysage est tout simplement grandiose avec la mer et, tout autour, de hautes montagnes et des forêts épaisses. Tout le monde est adorable et on ressent une ambiance familiale apaisante et réconfortante.

Bon à savoir :

  • Itéa est une superbe escale. Tant sur le plan nautique avec une bonne protection des
    vents que sur le charme de cette station balnéaire uniquement fréquentée par des
    grecs. Pas de station service. Aller à pied à 10mn en ville.
  • Restaurants :
    Genre tapas : To Kare tou Meze sur le front de mer.
    Masitrali : restaurant un peu haut de gamme de qualité.

Une réflexion sur “Le Golfe de Corinthe

  1. sylviedoniniorangefr

    Le golfe de corinthe inimaginable …
    Et toujours de belles photos on voyage vers des endroits magnifiques que nous ne soupçonnions pas.
    Tu a raison d ‘être prudent la fatigue est quand même là après des milles nautiques et des
    épreuves qu’il a fallu maitrisés.
    Quel parallèle avec la escala canet perpignan bref avec ta catalogne comme quoi partout où l’on va on est suivi par ses racines cela reste dans ce monde très perturbé un encrage stabilisant pour ceux qui on la chance d’en avoir où plus précisément qui savent les apprècier;
    bon vent les enfants

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s