Mercredi 25 mai
Je me levais tôt après une nuit à écouter les bruits de la mer tout contre la coque… Le Pogo étant dépourvu d’isolation de vaigrage comme on peut le retrouver chez beaucoup d’autres bateaux (avec les problèmes inhérents aux zones non visibles sur un bateau…), on entend tout ce qui se passe sous l’eau. Et dans le port de Roses, ça grouille d’une vie marine. Je me plaisais à imaginer au fond de ma banette des petits crabes venant se nourrir de parasites sur ma coque.
J’allais à la capitainerie sur les coups de 9h pour régler la nuit. Le tarif : 15 € !
J’appareillais apres avoir un peu nettoyé le bateau vers 11h. Les prévisions météo étaient cool. Je me voyais envoyer le gennaker (voile de travers à grand largue pour petit à temps moyen).
A la sortie du port quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un plan d’eau très venté. Je n’aime pas être pris au dépourvu et ce fut le cas ! Grrrrr.
Au près serré je longeais la côte en direction du sud pour pouvoir virer de bord et prendre du nord est en direction du cap Norfeu.
Rapidement je pris un ris dans GV et malgré cela j’accusais une sévère gîte. Ça envoyait sévère. Karma, qui était pourtant sortie du port bien après moi prit une bonne option en virant de bord plus tôt et me dépassa. No comment…
Passé le cap Norfeu la mer était hâchée et inconfortable. Le ciel était tout bouché. Bref une ambiance pas terrible avec des températures en baisse et un vent en hausse…
Bientôt je fus en vu de la crique de Port Lligat avec au loin le fameux Cap de Creus (et pas le cap creux comme disent les gavatxos). A la limite si ils veulent le franciser, qu’ils le traduisent correctement par le Cap des Croix !
Une fois dans la crique, tout s’apaisa et je pris tranquilou une bouée aidé par un marinero allemand (?) en zodiac. En allant à terre à son bord un peu plus tard, il me fit partager son histoire insolite. Le gars est allemand, vit ici depuis près de 26 ans, est plongeur professionnel et bosse à la belle saison à la gestion des bouées. Très sympa, il me raconta l’histoire du parc naturel du cap qui a permis en quelques 15 ans d’existence de totalement repeupler les fonds. Dans les années 80, les quais des ports et marinas de plaisance faisaient la part belle à des brochettes de connards rondouillards fiers d’exhiber de grosses prises dont des mérous. Après avoir totalement dépeuplé la zone, les autorités catalanes ont interdit ce type de pratique. Aujourd’hui, il parait qu’il faut presque demander l’autorisation aux mérous tellement qu’ils sont nombreux !
C’est une jolie histoire d’efficacité écolo.
Je fis un petit tour nonchalant à terre, mais ayant froid je remontais sur le bateau.
En fin d’après midi nous allions avec Véro nous balader à la magique ville de Cadaquès pour prendre un apéro.
Que j’aime cet endroit ! Riche en souvenirs pour moi mais c’est aussi sa résonnance magnétique et sa singularité que je loue. Je l’ai toujours dit : c’est ici que je viendrai finir mes jours. Tout ce que la Méditerranée peut offrir et que j’aime est ici : la végétation, les oliviers, la terre ocre, les lloses (ardoises des habitations), les maisons blanches, le soleil, les chats, la nonchalence etc. Et… peu de touristes… et oui nous sommes loin des plages de sable et des grandes infrastructures touristiques ici. Cadaquès était une cité pirate, elle a conservé son caractère insulaire.
Quant à Port Lligat, comment ne pas penser à l’inspiration de Dali. L’endroit, à l’écart de Cadaqués, niché dans une crique entre les oliviers, est magique. On sent à cette endroit le magnétisme du Cap et de ses tempêtes de Tramuntana.
Nous repartîmes aux bateaux pour déguster une bonne lamproie à la bordelaise de Véro. Malgré l’aspect peu ragoutant, elle m’assura que tout était ok. Et c’était vrai ce fut un délice ! Le tout arrosé d’un bon St Estephe.
Dans la soirée, nous assistions aux premières loges d’un concert donné sur le bateau voisin. 3 gaillards qui sentaient bon la franche camaraderie étaient eux aussi en escale au mouillage et se sont mis à nous faire de la musique traditionnelle de marins avec guitare et violon depuis le pont de leur bateau ! Fantastique ! Je pus réviser mon répertoire : « 15 marins sur le bahut du mort, yop la ho et une bouteille de rhum ! ».
Je vous laisse découvrir la présentation de ce groupe de joyeux drilles très sympathiques et doués pour générer une ambiance unique qui sent bon la mer, le vent, le sel et la bière !
Pour en savoir plus sur ce groupe et leurs actus allez sur leur site : http://menezband.blogspot.fr/?m=0
Le groupe de musique celtique Menez band
J’espère les revoir et revivre un moment de ce type.
La soirée dura longtemps dans la langueur du mouillage et la mélancolie des chansons de marins au loin, le tout sous un temps maussade que n’aurait pas regretté un breton avec force humidité et brume.
Un petit bémol néanmoins : le mouillage est organisé de façon un peu… commerciale… pour faire rentrer le max de bateaux. Résultat : nos bateaux se sont heurtés ainsi que celui du voisin, nous obligeant à faire une manoeuvre de changement de bouée en pleine nuit ! Et hop passes moi la bouteille de rhum !!!