Départ de Corse…

Mardi 2, mercredi 3 et jeudi 4 août

Je reprends le blog après une courte escapade lundi dans la famille de mon oncle au sud de Bastia où j’ai passé une merveilleuse soirée de gastronomie Corse à s’en faire casser le ventre. D’ailleurs je conseille la magnifique route de la côte de Bastia à Macinaggio avec des petites criques et petits ports suggérant des lieux tranquilles et préservés des masses. Pour info, j’écris ce post depuis le cockpit du bateau pendant la traversée retour.

Mardi, la journée a été consacrée à une petite nav’ depuis Macinaggio jusqu’à St Florent. Je partis avec mon oncle à bord pour lui faire découvrir son si cher et si beau cap Corse depuis la mer. A la sortie du port jusque après le cap vers l’ouest, nous avons bénéficié d’un super vent qui nous permit d’avancer avec fraîcheur et performance ! L’inverse de ce qui nous attendait pour la suite.

Une fine équipe de joyeux drilles

Une fois le cap passé, le vent mollit sérieusement et mon gennaker commençait à pendre lamentablement avec 2 noeuds de vent. La suite jusqu’à St Florent se passa au moteur avec une houle par le travers et une chaleur accablante. Le retour au pays de la soif !

L’arrivée sur St Florent fut du grand n’importe quoi. C’était la fête à neuneu et à la sardine ! Un bordel ahurissant et jamais vu. Un million de bateaux, pour la plupart de location, entraient en même temps dans le port. Bien entendu, celui-ci était complet et je dus aller au mouillage devant le port. La zone de mouillage est peu profonde sur du sable et protégée mais certainement pas du vent et de la houle du large.

Nous allâmes à terre à bord de l’annexe de Margot equipée du moteur de Babar pour rejoindre les filles et dîner. L’arrivée fut comique avec 3 gaillards dans une annexe portant le poids à 250kg alors que celle-ci ne pouvait en supporter que 200 max ! La soirée fut cool mais j’étais un peu triste de quitter tout le monde après de si beaux moments.

Il était temps de se coucher tôt car le lendemain c’était traversée retour ! La météo annonçait un coup de vent pour jeudi soir jusqu’à samedi, nous n’avions pas le choix, il fallait partir direction la côte d’Azur pour laisser passer le mauvais temps et mettre le cap sur le retour courant semaine prochaine.

Mercredi matin le départ était imminent. L’appareillage était prévu pour 10h30. Le temps de tout préparer pour la traversée : faire un dernier point météo, préparer la route en exploitant les meilleures options météo, noter les indications importantes pour la traversée, préparer dans le cockpit des aliments faciles à manger, mettre dans le cockpit gilets et harnais etc… Et c’est parti cap au 300° point d’atterrissage Cap d’Antibes. La météo annonçait un vent de sud ouest F4 à 5 aux environs des côtes de la Balagne pour au fil du temps passer plus ouest force 3 et enfin arriver à de la pétole en milieu de nuit jusqu’à l’arrivée. C’est une traversée courte de 108 milles avec aucune difficulté.

Il fallait d’abord sortir de la baie de St Florent et ses très nombreux bateaux à moteur. A la sortie de la baie le vent était plutôt nord et je dus tirer quelques bords pour me mettre sur ma route. Le vent était passé bâbord amure et ne me quitta plus jusqu’à 1h du matin. J’étais au bon plein avec 10 à 12 noeuds de vent apparent. Bref le bonheur ! Le bateau glissait tranquille sous pilote automatique pendant que moi je profitais du moment tout en étant en permanence en train d’optimiser les réglages. Car le vent était assez irrégulier et exigeait un travail permanent pour bien profiter de sa portance.

Départ de St Florent

Vers 13h le vent passa ouest m’obligeant à prendre la direction du 346° soit 46° de plus m’envoyant en mer de Ligure ! Tout était OK à bord si ce n’était cette houle omniprésente de 50cm qui rendait la navigation parfois inconfortable.

À 14h je réussis à capter le bulletin météo large qui confirmait le temps prévu avec un peu plus d’ouest qu’initialement. La journée continuait sous une belle allure et une vitesse constante. Babar est un bateau exceptionnel qui sait naviguer par tout temps et reste à l’aise dans le petit comme rassurant et performant dans le gros.

Vers 17h, enfin je vis une famille de dauphins. Des femelles avec leur petit à côté, des vieux mâles tachetés. Il s’agissait de dauphins communs, toujours peu joueurs. Un duo vint à ma rencontre et se mit à nager à l’étrave, j’étais hyper excité et allai rapidement à la proue pour jouer avec eux. Peine perdue car ils partirent aussitôt. Visiblement il s’agissait de 2 mâles venus voir quelles étaient mes intentions et si je représentais une menace pour les petits.

19h arriva. L’heure de la douche à bord. L’air était assez frais et humide, je pris ma douche rapido. Toujours sympa de se mettre à poil au large…

Tout à coup, je vis à une centaine de mètres du bateau comme un nuage de vapeur d’eau s’élever dans les airs, puis 2 petits ailerons noirs. Aucun doute, c’était une baleine ou un cachalot. Cette vision fut accompagnée peu de temps après d’une forte odeur de poissons… Sûrement le souffle de la baleine.

21h, l’heure de dîner. Important de se faire un repas chaud. Je me mis en cuisine à émincer des échalotes, faire cuire du riz et du thon pour déguster le tout dans ma gamelle. En parlant de riz, je pris un ris dans la grand voile en prévision de la nuit qui commençait à tomber. Elle s’annonçait noire, sans lune… Avec elle arrivait cette habituelle sensation de solitude et de mélancolie propice à l’introspection et aux souvenirs. En regardant la mer et le soleil couchant, je pensais à mes proches et aux magnifiques moments passées pendant ces vacances.

J’associe cette impression étrange au moment du coucher de soleil à la peur primaire et ancestrale de la nuit. Dans les villes cette peur n’existe pas car nous sommes entourés de lumières et de personnes proches. En mer, au large, seul, cette peur revient. Aucun son, aucune lumière, le noir et le bateau qui fonce dedans, la solitude, une nature hostile qui vous entoure, 3000 m de fond. Tous les ingrédients sont là pour éprouver cette sensation qui disparait au fil du temps vers minuit.

À 1h le vent tomba quasi complètement m’invitant à allumer le moteur. Grrrr… Ceci dit j’en avais bien profité en naviguant à la voile depuis presque le départ. À certains moments le vent reprenait un peu et je pus renaviguer à la voile mais je sentais que Eole était en train de s’endormir. En parlant de sommeil, je commençais moi aussi à souffrir avec une gestion difficile de ma fatigue. J’amorçais à partir de 3h mon rythme de micro siestes de 10mn. Vers 4h30, voyant qu’il n’y avait rien à l’horizon je m’octroyais un luxe de 20mn. Bien mal m’en prit ! Au moment où je me réveillais, un gros cargo était à 100m de moi avec toutes ses lumières et je me déroutai sur son tribord. J’ai même entendu ses moteurs… Ouf ! Une leçon de prudence.

Le jour commençait à se lever sur une mer d’huile. Le spectacle est toujours saisissant de voir tout le spectre de la lumière du jour se découper lentement à l’Est. La côte, elle aussi, commençait à être proche, on en distinguait ses lumières et ses reliefs.

Le jour se lève

En arrivant près d’Antibes, la mer m’offrit un dernier spectacle avec un troupeau de près de 15 dauphins qui sautaient tout autour. Encore une fois c’était une grande famille avec les petits qui nageaient tout contre leur mère. Tout à coup une bande de tristes cons à bord de jet ski déboula à fond les ballons. Sur chacun, le même tableau ridicule : un gros con aux commandes avec, accroché derrière lui une conne l’air fier et assurée d’être avec un vrai mâle ! Ils se dirigeaient tout droit vers la famille de dauphins qu’ils ont harcelé à leur tourner autour moteurs à fond pendant 45mn ! Je ne pouvais rien faire j’étais trop loin. J’étais partagé entre la tristesse pour mes chers amis de la mer et de la haine envers ces cons. L’entreprise est en prime bien huilée car il est impossible que cette chevauchée infernale ait pris connaissance de la présence des dauphins depuis la côte. Ainsi donc le manège incessant des hélicoptères dans le ciel que j’observais depuis un moment servait aussi un bien triste dessein : donner des infos à des sociétés commerciales sur la présence d’animaux marins. Quel monde atroce, et j’en fais parti… Tristesse…

L’arrivée sur Antibes vers 11h fut une bénédiction dans un port confortable si ce n’est l’erreur de la capitainerie qui m’octroya une place trop petite vu la largeur de Babar ce qui m’obligea à une énième manoeuvre dans un état de fatigue bien avancé et me fit tourner mes amarres à 12h30. Pour la suite, rien que su classique… Dodo…

À noter :

– la traversée Corse-Antibes ne croise pas de rail, il y a donc peu de chance de rencontrer des ferrys et cargos

– profiter d’un flux d’ouest peut être sympa avec un bateau naviguant bien au près ou bon plein. Attention néanmoins à ne pas partir avec un mistral même prévu 12h plus tard, il peut arriver plus tôt que prévu…

– le port d’Antibes est parfait pour une escale post traversée car pas trop cher (32€ pour Babar) et bien équipé avec des machines à laver le linge (4€). Il vaut mieux réserver car cela évite de s’amarrer à la capitainerie (quai pas du tout pratique étroit le long d’un yacht).

– je conseille le bistro du Don Juan pour dejeuner. Pas cher et de qualité

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