Vendredi 12 août
Cela faisait 3 jours que j’étais tanké à La Ciotat. J’étais excité de reprendre la mer quand bien même c’était pour le retour synonyme de la fin de l’aventure. La mer est une drogue, elle procure un shoot d’adrénaline, de bonheur lorsqu’on la chevauche et créé un manque loin d’elle.
Mon (trop) long séjour à La Ciotat fut mis à profit pour découvrir un peu l’arrière pays. Mercredi j’ai loué un véhicule après avoir négocié sec avec l’agence de location. L’argument utilisé n’était pas très loyal mais très efficace. Le gars de l’agence (très sympa au demeurant) n’avait plus qu’un seul véhicule de dispo et m’annonça un tarif de 75€ la journée ! Je lui dit « je l’ai vu à 40€ sur le web ». Sauf qu’il s’agissait d’une Clio alors qu’il me proposait une DS. Résultat il consentit à me faire un prix à 50€.
Je partis donc à la découverte des villages du Castellet et la Cadière d’Azur. J’ai préféré ce dernier plus authentique que le Castellet, véritable cirque touristique avec ses habituelles échoppes qui vendent tout et surtout n’importe quoi. Le seul point positif, le resto « Le St Eloi » dont je conseille surtout la vue. Le repas était très bon avec la présentation des poissons au choix et la générosité en truffe dans le carpaccio de tomates en entrée.

L’après midi je souhaitais aller faire un tour à Cassis mais le nombre impressionnant de voitures m’en dissuada. La route des crêtes étant fermée pour cause de grand vent je me contentai d’une balade sur les hauteurs de la magnifique baie de Cassis. Je vis un voilier au mouillage dans l’anse de l’arène qui semblait protégé du mistral. A noter…
Jeudi, rien à signaler de précis… Je suis resté encore à la Ciotat ce que je regrette un peu car j’ai perdu mon temps alors que j’aurais pu aller dans une crique des calanques.
Revenons à des choses plus intéressantes… Il me tardait tant de partir que je mis le réveil à 5h52 le vendredi matin. Oui je sais c’est précis mais je suis un maniaque des minutes de sommeil. À 6h15, je quittai le port dans l’aube naissante, en silence en glissant sur l’eau de miroir comme un pirate ayant commis un forfait.
Je pris mon petit dej après avoir mis de l’ordre sur le bateau, envoyé les voiles et mis le cap sur l’ouest non sans avoir contourné l’île verte.

Mes amis du bateau Margot s’étaient amarrés au ponton de l’île. J’appris plus tard que celle ci est infestée de moustiques. Seul le chat Pacha avait découvert un paradis originel. J’imagine la tête des petites bestioles de l’île, affolées de voir débarquer ce petit prédateur trônant fièrement tout en haut de la chaîne alimentaire.
Le début de la nav fut soumis à un vent variable, me faisant alterner voile et moteur. Je dus attendre de dépasser le cap Croisette à la sortie des calanques pour toucher un vent plus régulier. Le plus pénible sur cette partie de navigation était la houle d’ouest de près de 1m qui freinait le bateau et rendait la navigation difficile. Je pus néanmoins apprécier le fantastique paysage des calanques de Marseille, pour moi un des plus beau qui existe. Dommage que la politique cède si facilement aux sirènes de l’économie contre l’environnement en ayant autorisé une usine de je ne sais quoi de continuer à déverser ses rejets à la mer pendant 7 ans !
Le passage au large de la rade de Marseille jusqu’à la sortie du delta du Rhône est fait de godilles autour des cargos, pétroliers, ferrys. Il faut être vigilant et parfois changer son cap.
J’aime bien cette route jusqu’à la Camargue, pas seulement parce que j’y ai des souvenirs de plusieurs passages mais aussi car j’y ai toujours trouvé du vent. Et ce fut le cas aujourd’hui encore.
Je passai la journée à regarder la mer, manoeuvrer, rêvasser, écouter de la musique… Avec une certaine mélancolie. Est ce la fin des vacances ? Possible, j’ai toujours eu du mal à accepter la finitude de quelque chose. Mais je ne crois pas que ce soit cela. Juste le sentiment d’avoir fait une croisière fantastique et, quoiqu’il arrive, celle ci ne se représentera pas. Bien sur que je retournerai en Corse, mais ce ne sera plus une première fois. Voilà une différence avec des vacances classiques d’été où souvent les gens retournent au même endroit, rassurés d’avoir des repères et souhaitant renouveler les plaisirs de l’édition passée. En bateau les moments sont intenses et les souvenirs qui y sont rattachés sont si puissants que retourner sur les lieux de la croisière peut être déceptif ou en tout cas renforcer la nostalgie. Il faut donc aller toujours ailleurs, plus loin, au-delà de l’horizon, à la découverte d’autres mers, d’autres criques, d’autres cultures. Pas simple à réaliser et à concilier avec une vie moderne…
Tout à coup, au large de la Camargue, un grand oiseau passa au-dessus du bateau. C’était un fou de Bassan ! Et oui, contrairement à ce que pensent mes amis bretons il y en a aussi en Méditerranée. C’est un oiseau magnifique avec une grande envergure et un bec puissant. Son air un peu débonnaire et iconoclaste est attachant.
Le moment à venir fut solennel… C’était le dernière vacation vhf avec Margot ! Il était à peu près 15h. Chacun prenait désormais une route différente. Eux direct sur Leucate avec la nuit en mer, moi en 2 étapes pour me préserver un peu en prévision de la reprise… L’émotion était tangible après une si belle aventure.
Ce fut sous gennaker que j’arrivai devant le port des Saintes Maries de la mer ma prochaine escale. Je craignais rencontrer des hauts fonds et de nombreux casiers de pêche, il n’en fut rien et j’entrai tranquillement dans ce très joli port. On m’installa à côté d’un autre Pogo 850 des Glénans. A son bord, le skipper accompagné de 2 stagiaires ados. Notre échange fut cantonné à l’environnement nautique. L’ambiance sur le ponton était sympathique avec une population bigarrée. A côté de moi un bateau avec à son bord un couple de retraités et 2 chats ! J’appris qu’avoir 2 chats à bord permettait à chacun de mieux s’accommoder de la navigation.
Je me fis pour dîner ma traditionnelle pasta al pomodoro quand tout à coup je subis une véritable attaque aérienne d’une escadrille de moustiques. J’avais oublié que j’étais en Camargue. Après le dîner la petite balade à terre ne me convainc pas. Certes le village est charmant, mais la foule est un mélange entre des fans de Johnny et de Patrick Sébastien composé d’une population de nordistes rouges comme des écrevisses. Le nombre impressionnant de restos bons marché m’a donné l’impression d’un spot dédié au tourisme de masse pas cher… C’est dommage mais là encore les adorateurs du dieu business ont fait des ravages en dépossédant l’âme des lieux. Toujours les mêmes boutiques de merde (le blanc du Nil…), des échoppes vendant des trucs en plastique, des sachets de sel ou du mauvais saucisson de taureau. Bref je ne m’éterniserai pas…
À noter :
– aucun danger à redouter à l’entrée du port en venant du large
– tarif pour Babar : 25€. Les sanitaires sont très propres mais… mixtes
– les places sont peu nombreuses. En cas de beau temps établi, on peut mouiller à l’est du port.
– attention aux moustiques… Bien s’équiper !
– mes techniques pour le gennaker en solo : pour éviter les difficultés lors de l’affalage je frappe sur le point d’amure et sur le point d’écoute 2 bouts d’une longueur permettant de les ramener dans la descente. Lorsque j’affale, j’abat puis choque le bout dehors pour reprendre en même temps les 2 bouts (amure et écoute) pour former une sorte de cône puis choque la drisse. Je peux ainsi tout ramener tranquillement dans la descente pour remettre le gennaker dans son sac. Enfin, j’utilise le gennaker à des allures variées du grand largue au bon plein (il suffit de jouer entre le bout dehors et l’écoute !).