Odyssée 2019

Dimanche 14 juillet

J’aime le côté un peu désuet de la fête nationale dans une station balnéaire. Il y a comme un air de belle époque et ses rituels d’union nationale ponctués tous les 20 ans d’une bonne grosse baston internationale. Je pense que la France, pays atypique et sans véritable ciment national, a besoin de conflits pour proclamer sa nécessité d’union. Car contrairement à l’Italie où l’Allemagne qui se sont construits par irrédentisme, la France est un assemblage de cultures totalement différentes. Que peut il y avoir comme trait d’union entre un Breton, un Alsacien, un Basque, un Catalan, un Corse etc…? Il s’agit de grandes cultures in fine plus riches intrinsèquement que la soi disant culture nationale républicaine de pure invention pour justifier l’assemblage. Mais ces petites nations n’auraient à l’évidence eut que les pires difficultés à traverser indépendamment l’histoire sans disparaître totalement. La France, malgré ce paradoxe a permis leur coexistence. Même si je pense aujourd’hui, face à l’absence de conflits de grandes nations proches, que cette justification disparaît progressivement en laissant la place, n’en déplaise aux parisiens, à la réalité de l’avènement des micro nations qui font l’Europe (Corse, Euskadi, Catalunya, Bretagne…).

Je suis actuellement au vieux port de Golfe Juan après une nuit passée à Port Cros. Je vous propose un petit retour en arrière sur ces 2 premiers jours de vacances.

L’odyssée de l’été 2019 a pour objectif la Corse où me rejoindront successivement ma belle pendant 10j puis ma famille Nath et Jc une semaine. J’appareille de Toulon, le bateau chargé de victuailles en direction de Port Cros, car la traversée est compromise à court terme pour cause de dépressions sur le golfe de Gênes générant un flux de mistral fort. Je décide donc de m’avancer vers l’est pour éviter de perdre du temps et traverser dès qu’une bonne fenêtre météo se présentera.

La navigation jusqu’à Port Cros se déroule tranquillement sous voile et un soleil déjà implacable. Quel bonheur que se laisser glisser tranquillement jusqu’à une île préservée à quelques milles d’une des côtes les plus bétonnée qui soit.

J’arrive dans la soirée sur la zone des bouées devant le micro port. Étonnant de constater le peu de bateaux présents et je peux sans difficulté choisir la bouée la plus adaptée à une nuit tranquille. Rapidement, après un apero rituelique devant ce magnifique paysage de pins et de chênes liège, je sombre dans les bras de Morphée fatigué d’une trop longue année à attendre cette aventure estivale toujours riche et exaltante. Car ma vie quotidienne sur Paris, entourée de ces pédants parisien(e)s finalement imbéciles et sociopathes, est pénible et sans intérêt. Fort heureusement ma belle m’a sauvé de la dérive et donné la seule raison de rester à flot dans cet environnement toxique.

8h… Je me réveille doucement d’une belle nuit réparatrice prêt pour les 42 milles nautiques qui m’attendent pour rallier Juan les pins. Le plan d’eau est calme et apaisant. Des odeurs de fraîcheur matinale montent à mes narines et m’enivrent de leurs fragrances mêlées d’iode, de rochers mouillés, de pins, de terre sèche.

Il est temps de partir. Un vent léger d’ouest me pousse avec douceur vers le cap Camarat. Parfait pour me préparer un bon café fourni par mon torréfacteur fétiche Catalan. Le vent fraichit petit à petit et vient maintenant du sud me permettant d’envoyer mon gennaker qui ne me quittera plus jusqu’à l’arrivée et me permettra de conserver une vitesse moyenne de 5 nœuds.

Durant les longues heures qui défilent, j’alterne lectures et contemplation, les jambes par dessus bord contre les filères à tâter la douce température de l’eau. Passé le cap Camarat je constate une hausse significative de sa température. Pas étonnant que des dépressions se succèdent dans ces conditions. J’espère que celles ci vont se calmer pour me laisser passer. Ma belle m’attend en Corse jeudi prochain et il est hors de question de perdre une minute sans elle !

Je double maintenant le fameux massif de l’Esterel et ses roches rouges caractéristiques, et toujours à vitesse soutenue mais chahuté par de la houle croisée générée par le vent mais aussi et surtout par le ballet incessant des yachts et gros bateaux à moteur. Car la zone est infestée de ces nuisibles. D’un certain côté ce sont eux qui créent l’économie de la navigation de plaisance. Sans eux, pas de chantier, pas d’emploi. Mais j’avoue que je m’en passerais largement, surtout à notre époque soi disant soucieuse de minimiser l’empreinte de l’homme sur son environnement. Il serait temps d’appliquer à la mer des préceptes de protection de la nature. Mais je crains hélas que ces yachts ne seront jamais inquiétés, les pouvoirs publics préfèrent taper sur les petits plaisanciers, vas y qu’on interdit le mouillage ici, qu’on taxe par là etc… Il sera temps lorsque cela deviendra insupportable en entrave à notre liberté, de quitter ces pays pour aller vers des latitudes moins coercitives.

J’arrive maintenant dans le golfe de Juan les pins sous une chaleur de plomb fondu et choisis d’aller au vieux port de Golfe Juan réputé pour ses tarifs doux et ses services performants. Je vais auparavant me détendre un peu et aller mouiller l’ancre aux îles des Lerins pour passer un moment baignade et me commander une pizza au catamaran-pizza tanqué au centre du plan d’eau ! 😎

Après ce petit moment de détente, j’entre dans le port à la recherche de la place que j’ai réservé. Comme un grand, je m’amarre tranquilou sur le ponton et vais me présenter à la capitainerie. Je vais rester ici jusqu’à la bonne fenêtre. Place au repos maintenant.

Bon à savoir :

– tarif du vieux port de Golfe Juan : 25€ la nuit !

– services impeccables : douches climatisées, distributeur gratuit d’eau douce et pétillante, prêt gratuit de vélos électriques, toutes commodités de chantiers…

– les Lérins : très joli spot avec un plan de mouillage immense et sécurisé. J’imagine juste en plein août l’enfer avec 300 bateaux… Le concept de catamaran-pizza est sympa même si un peu décalé. 15€ la pizza regina +5€ de livraison à bord.

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