Mardi 23 et mercredi 24 juillet

Le réveil dans cette sublime et solitaire crique est comme au matin du monde. Pas un bruit en dehors de quelques cigales au loin et quelques cris rauques de cormorans. Sans petit déjeuner nous décidons d’aller à terre sur la petite plage de sable en annexe, à la rame bien sur pour ne pas troubler la quiétude des lieux. Une fois sur la plage nous nous baignons, toujours nus dans une eau claire comme de l’eau de roche.

Sur le bord, je vois avec désespoir des petits morceaux de plastique par ci par là et décide de les récolter. Une fois une bourse pleine je la donnerai dans un port.

Après cette parenthèses matinale nous décidons de rester jusqu’en début d’après midi pour essayer de ralentir le temps dans cet endroit qui va désormais cristalliser à jamais nos aventures et notre histoire.

Prochaine escale : Cargese, la cité hellénistique de Corse.

La navigation sous voile est paisible. Nous longeons une côte moins découpée et abrute qu’auparavant. La cité est bien nichée derrière un cap et nous distinguons depuis la mer un cimetière marin bordé de cyprès.

L’arrivée dans le port est un peu stressante avec peu de fonds et surtout la pression d’un personnage fort désagréable que l’on peut qualifier de gros con, j’ai nommé le type chargé de placer les bateaux en escale… Une grosse engueulade éclata car ce sinistre débile, au-delà de mal me parler a osé aussi mal parler à Doriane. Là, mon sang n’a fait qu’un tour et ni une ni deux j’ai sauté sur le quai pour lui coller ma tête contre la sienne et l’empoigner. Je connais ce genre de bonhomme, beaucoup de gueule et finalement, au pied du mur, tout le decorum disparaît et il s’évapore comme un enfant. Bref, cet épisode passé nous sommes maintenant amarrés au quai et faisons la connaissance d’un très sympathique couple d’italiens à bord d’un sun odyssey 34. Nous les avions déjà aperçu à Girolata. L’invitation est lancée pour un apero à bord de Babar à 19h le temps d’aller boire une binouze et se doucher.

Une fois au bistrot nous sympatisons là aussi avec le patron pêcheur du resto qui avait assisté à la scène avec le gars de l’ammarrage. Un très chic gars comme je les aime. Travailleur, respectueux, avec des valeurs. Nous discutons de choses et d’autres et prenons une réservation pour dîner au resto que sa fille a repris.

19h arrive et nous accueillons le couple d’italiens. Si la gentillesse et l’intelligence sociale ont un nom c’est le leur ! Nous parlons de tout en italien, en anglais… Mais, en passionnés de la mer et des rencontres, nous nous reconnaissons et passons 2h à boire, parler et rire.

21h arrive et nous allons au resto l’auberge du pêcheur Agula Marina. Un bon gros chapon pour moi et un joli denti pour Madame. Un bon moment !

Jeudi matin, beaucoup de voisins s’affairent sur les quais pour laisser la place à d’autres bateaux en escale. Nous choisissons d’aller découvrir cette jolie cité. La montée vers le village est ardue mais le chemin est très beau avec la vue sur la mer à travers une végétation odorante et Méditerranéenne (agaves, figuiers de barbarie…). Nous arrivons à la première église, de culte oriental orthodoxe. Car il y a un particularisme ici. Des grecs chassés par les turcs au XVIIe siècle avaient obtenu l’asile de leur alliés les Génois qui leur avaient octroyé le droit de s’installer en Corse. Rapidement les grecs avaient transformé le paysage en plantant oliviers et autres cultures leur assurant une prospérité qui, rapidement suscita des jalousies chez les paysans alentour qui, un jour, leur donnèrent l’assaut. Les grecs allèrent se réfugier à Ajaccio jusqu’à l’achat par la France de la Corse. À ce moment le 1er gouverneur de l’île Monsieur de Marbeuf se prit de sympathie pour ces grecs apatrides et leur octroya le droit sous sa protection de s’installer à Cargese. Et depuis les 2 populations vivent dans l’harmonie.

Mais l’appel de la mer devient plus fort et, après avoir fait quelques courses, nous décidons de repartir vers un nouveau mouillage. Car le monde, la promiscuité d’un port nous pèse et nous voulons revenir à notre solitude.

Nous mettons le cap vers le golfe de Sagone proche de Cargese. En approche je décide de tester un mouillage non référencé derrière la pointe de Triu. L’endroit semble parfait et bien protégé malgré des fonds incertains. Je fais un premier mouillage et vais vérifier en apnée. L’ancre est posée sur un rocher et entourée de grosses roches… Aie. Je décide de partir et rejoindre la baie de Sagone.

L’endroit est idéal avec une large plage, des fonds de sable peu profonds de bonne tenue. Il est temps maintenant de se détendre… Peu après avoir fait une lessive de mer. Le principe ? Prendre un sac étanche de 30l remplir d’eau et de lessive à main, secouer l’ensemble, laisser reposer un moment et rincer. Il n’y a plus qu’à étendre le linge autour du bateau en mode gitans de la mer !

Nous allons nous baigner longuement dans une eau douce et claire et marchons sur la plage avec une petite pointe au cœur… Le temps passe et celui ci nous mène à l’épilogue de ces doux moments passés ensemble jusqu’à samedi, départ de ma douce… Mais nous profitons d’une soirée enchanteresse dans ce délicieux mouillage.

Bon à savoir :

– le personnel du port de Cargese n’est pas particulièrement agréable…

– tarif : 46€…cher

– je conseille le restaurant l’auberge du pêcheur avec une mention spéciale pour Thierry le pêcheur qui m’a raconté de belles histoires sur sa vie riche et respectable de travailleur de la mer