La finitude des choses

Samedi 27 juillet

Cette journée commence comme celle d’hier s’est terminée… Sous le sceau de la fin du séjour de ma douce qui doit repartir. Je n’arrive pas à accepter la fin de quelque forme que ce soit. La fin d’une histoire amoureuse, la fin de vie, la fin d’un film… Et la fin de moments d’exception en vacances nautiques avec celle qu’on aime, c’est terrible.

Pourtant j’ai essayé d’estomper ce sentiment mais force est de constater, lorsque cela en vaut la peine, que je n’arrive pas à passer outre.

La fin de cette parenthèse est d’autant plus difficile que cette croisière n’aura souffert d’aucune fausse note, aucun problème ni engueulade. Les moments d’exception sont légion.

On est réveillés tôt par un gros ferry qui s’est garé près de nous durant la nuit. C’est peut être un symbole qu’il est temps pour elle de repartir. Je l’accompagne à l’arrêt d’autobus qui doit l’amener jusqu’à Ajaccio puis l’aéroport. Le cœur est serré, les yeux mouillés.

Je retourne sur Babar, seul… Et appareille aussitôt pour rallier le golfe de Santa Giulia situé sur la côte orientale. Une nav de 50 milles m’attend. Mais pourquoi s’infliger pareille souffrance ? Car pour arriver à soigner l’intolérance à la finitude des choses, il faut s’occuper l’esprit ! Mais aussi car un coup de vent d’ouest va balayer tout le bassin de Méditerranée Occidentale dans les heures prochaines et que seule la côte orientale de la Corse sera plus ou moins préservée.

Je mets donc le cap au sud par un temps maussade, comme mon humeur. Vent faible, temps bouché, moiteur. Moteur. Je double des endroits et plages connus, rocapina etc… Mais je m’en fous. J’ai l’esprit ailleurs. Je vois même quelques dauphins mais suis triste de ne pas les voir avec elle.

Je rencontre un joli bateau à moteur.

Le vent fraichit de plus en plus et vient plein ouest. J’ai la grand voile haute et le foc.

Enfin j’arrive vers Bonifacio. La vue est sublime sur cette cité qui a réussi à tenir tête à l’invasion du roi d’Aragon.

Je vois aussi au loin la côte Sarde. Tout à coup j’ai envie de pasta alle vongole !

Le temps se dégrade au fur et à mesure que je double les Bouches. Le vent est monté de 2 crans et la mer est désordonnée.

Le moment est délicat. Le vent vient grand largue, je n’ai pas réduit la toile et je suis sous GV haute. Or je dois empanner pour virer au vent des Lavezzi et embouquer une passe réduite entre l’île Piana et l’île Ratino. Et le coin est infesté de récifs. Pas évident à négocier par vent soutenu et mer hachée. Je borde l’écoute de grand voile et passe doucement sous la barre. Claquement soudain, accélération, ça y est c’est passé.

Je suis maintenant patiemment le chemin grâce à mon appli en mode routage. Dans les rafales, le bateau lofe un peu m’obligeant à rectifier mon cap régulièrement.

De l’autre côté, sur la côte orientale le vent forcit et suis au travers. Je tutoie les 8 nœuds quand tout à coup… Horreur je constate que j’ai laissé Babarounet (l’annexe) à traîner à l’arrière ! Il surfe sur les vagues et se remplit d’eau. Dans les accélérations il passe même sous l’eau. Je crains qu’il ne se disloque ou que l’amarre ne cède.

Pour le préserver je réduit la voile et retire le foc. C’est mieux mais dans les rafales ça ne change pas grand chose.

Il est temps que j’arrive maintenant car je stresse vraiment pour lui.

J’entre à 18h30 dans le jolie golfe de Santa Giulia où m’attend une bouée que j’ai eu la présence d’esprit de réserver le matin.

Et la 1re soirée seul depuis plus d’une semaine commence…

Bon à savoir :

– bouées de Santa Giulia : 30€ la nuit.

– par vent d’ouest soutenu ne pas croire que celui ci faiblit une fois les Bouches passées. Il se renforce et la mer devient sud ouest. Attention dans les golfes comme celui de Sant Amanza, le vent monte d’un cran et le clapot de la mer du vent brutal.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s