J’entends beaucoup de choses sur la navigation en Méditerranée. Et surtout beaucoup de bêtises émanant soit de personnes qui n’ont jamais vraiment navigué réellement soit qui n’y connaissent rien en dehors d’un stage bidon aux Glenans ou à l’UCPA ou encore par ignorance objective.
1) la Méditerranée c’est pas une vraie mer.
Certes c’est une mer presque fermée juste ouverte à l’ouest par Gibraltar et un peu à l’est de façon artificielle mais réelle à Suez. Entre les deux on ne peut pas réellement considérer qu’un espace maritime de 2.5 millions de km2 avec des fonds à plus de 5 000 m soit un lac.
Et puis je vais vous dire le fond de ma pensée… Rares sont les bretons qui s’aventurent en dehors de la Bretagne en voilier. Donc finalement un grand océan ne leur sert pas à grand chose… Si c’est pour caboter dans le golfe du Morbihan 😁.
2) il n’y a pas de vent.
Bien entendu c’est faux. Il y a plusieurs types de vents, des vents synoptiques générés par des influences météo à grande échelle (Tramuntana, Meltem…), des vents liés à des micros zones souvent influencés par des montagnes et enfin beaucoup de vents thermiques notamment à la belle saison en raison des forts écarts de température entre la terre et la mer.
3) il y a soit trop de vent soit pas assez.
Faux et vrai. Si on possède un vrai bateau marin et performant comme le Pogo, aucun problème car il est sûr par gros temps et volage par temps faible. Ensuite c’est aussi la compétence du marin qui fait la différence. Si on aime les réglages fins et la planification météo on trouve toujours son bonheur. En tout cas moi je le trouve. Il faut aussi rester patient et philosophe… Mais que serait la pratique de la voile sans ces qualités ?
4) on passe beaucoup de temps au moteur.
Faux. Ici nous touchons le domaine de la philosophie nautique et surtout de la réelle compétence en navigation. Évidemment que pour un citadin pressé on peut parfois s’ennuyer à attendre le vent. Mais il finit toujours par arriver. Il suffit de suivre les évolutions météo, de ne pas partir le matin mais plutôt en fin de matinée avec la levée des thermiques. Pour exemple, sur mes 2 saisons d’été 2018 et 2019 je n’ai eu à utiliser le moteur que pour les manœuvres de port et de mouillage et pour recharger les batteries. Et j’ai fait plus de milles que beaucoup de plaisanciers même en Bretagne ! Je suis souvent effaré de voir des magnifiques voiliers avancer à fond au moteur avec 15 nœuds de vent. J’avoue ne pas comprendre.
Et si y’a pas de vent et ben on se détend à la baignade au mouillage ou à découvrir le patrimoine culturel ou naturel souvent riche en Méditerranée… 😁
5) les mouillages sont encombrés.
Oui dans certains territoires. Surtout dans le Var et Côte d’Azur. Là aussi je vais parler de philosophie. Pourquoi s’entêter à aller dans un mouillage très prisé et renommé mais devenu un parking à bateaux, alors que, à quelques encablures, on trouve une petite crique moins connue mais tout aussi jolie. J’ai une foule d’exemples de ce type. Maintenant il est vrai qu’à Porquerolles, c’est mission impossible…
6) c’est le royaume du prés serré.
Oui et non. J’ai souvent fait les traversées Corse et Baléares au travers ou grand largue. Par contre il est vrai que selon la direction que l’on prend ce sera souvent du près avec les thermiques qui viennent non pas perpendiculairement à la côte mais souvent parallèle et là, selon l’endroit où on va et ben ce sera du près…
7) il fait trop chaud.
Alors là je peux rien pour vous. Si vous n’aimez pas la chaleur vous n’avez rien à y faire. Ceci dit il y a deux périodes bénies : mai/juin et septembre/octobre. Chaleur raisonnable et personne en mer…
8) il n’y a pas de marée ni de courant
Faux ! Et oui aussi surprenant que cela paraisse il y a bel et bien des marées en Méditerranée. Bien sûr elle n’ont ni l’amplitude ni la régularité métronomique de l’Atlantique mais le marnage (différence entre marée haute et basse) est de 50cm parfois un peu plus selon les zones. Cette faible amplitude est due à la présence d’un plateau continental qui s’étale sur une faible distance ainsi qu’au caractère semi fermée de cette mer. Enfin les conditions atmosphériques avec des vents venant de directions différentes et parfois forts masquent la réalité de cette petite marée. Voilà pourquoi il ne faut pas trop tutoyer le fond d’une crique dans un mouillage.
Quant aux courants ils existent bel et bien sur toute la Méditerranée et peuvent parfois être très forts dans des goulots comme le Détroit de Messine (lieu connu pour être le Charybde et Scyla de l’odyssée d’Ulysse) à plus de 3 nœuds. On en trouve aussi aux abords de grands Cap comme le Creus en Catalogne ou le Sicié en Provence selon la force et l’orientation du vent local.
J’ai aussi souvenir d’une navigation au retour des Baléares où nous avions un vent de face de 2 nœuds pendant des heures à 30 milles de la côte (https://babarlebateau.com/2017/08/05/traversee-retour/)