Mardi 1er octobre
Rien ne sert de rester là où on se sent mal, il faut partir à point. C’est en modifiant le célèbre adage que j’ai pris mes jambes à mon cou pour quitter l’asile et retrouver ma liberté.
Au moment où j’écris ces lignes je suis amarré au port de Palamos. C’est la première fois que je navigue en mode croisière à cette période de l’année. C’est le bonheur total ! Personne ou presque, les ports moins chers et surtout, des calas encombrées de bouées ou de corps morts durant la saison, libres comme il y a 50 ans.
Ces 3 derniers jours ont été comme une introduction à cette liberté acquise de longue lutte.
Je voulais revenir sur ce territoire que j’aime tant, la Costa Brava, et ses souvenirs. J’ai commencé par la cala del Garbet, située au dessus de Llanca, où nous avons, Solenzu et moi, savouré un mouillage paisible seuls au monde après une navigation tranquille depuis Saint Cyprien.
J’ai même profité d’un des derniers bains de mer de l’année dans une eau encore étonnamment douce.
Ensuite ce fut dégustation des délicieux boles de picolat de ma mère, plat typiquement Catalan.
Le lendemain, nous avons mis le cap au sud pour une distance de 30 milles jusqu’à la cala Sa Riera riche de moments passés. Je me rappelle, il y a 10 ans… Je n’étais pas encore familiarisé avec les mouillages et c’est à bord de mon ancien voilier le Marsouin et de ma compagne de l’époque, Carine, que j’ai fait l’expérience d’un mouillage sous 35 nœuds d’un vent de sud dans cette crique. Je me souviens avoir voulu pêcher et m’être emmêlé avec les appâts et le fil de pêche… Le vent fraichissait de plus belle et je n’arrêtais pas d’aller plonger voir si le mouillage tenait bon. Et, le soir arrivant, de guerre lasse, je laissais enfin mon sens marin peu afuté prendre le relais avec force résilience. Et nous avons bu plusieurs verres pour nous donner du courage à passer la nuit. Avec le recul c’était drôle et initiatique.
Le réveil dans la cala Sa Riera fut paisible après avoir subi là encore un vent fort toute la nuit. Place au petit déjeuner devant le spectacle enchanteur des pêcheurs qui s’affairent dans la baie.
Nous avons doucement mis les moteurs direction Palamos. J’en a profité pour passer devant la cala Sa Tuna, impraticable à la belle saison car envahie de corps morts. À ce sujet je pousse un énième coup de gueule. Je constate que les bouées poussent comme des champignons un peu partout sous le prétexte, que j’estime fallacieux, de protection des herbiers de posidonie. Elle a bon dos… En quoi faire payer 50€ comme à Cadaques a un rapport avec la Posidonie, d’autant que les tarifs augmentent chaque année ? J’ai aussi vu des zones remplies de champs de Posidonie avec pourtant beaucoup de bateaux qui mouillent l’ancre (Porquerolles, Port Mann à Port Cros etc…). C’est l’arnaque, point final.
La matinée passa doucement avec une jolie navigation à la voile qui m’aura porté jusqu’à Palamos.
J’aime cette ville, très Catalane, très portuaire, et qui fleure bon un charme suranné de tourisme d’antan. Je vais rester ici 2 nuits car un coup de vent de nord arrive dans les prochaines heures.