Lundi 15 juin
Enfin… Nous partons de Porquerolles. Il est 8h30, le temps d’aller à la Capitainerie régler la semaine d’escale forcée, et nous mettons le cap à l’est. Le vent est encore fort et un avis de grand frais est en cours. Par précaution je prends un ris dans la grand voile. Nous doublons les feux d’entrée de Porquerolles, laissons passer les 2 navettes venant de la Tour Fondue sur la presqu’île de Giens et nous envoyons la toile. Grand voile à 1 ris et foc. Déjà nous sommes à 8 noeuds au grand largue. La mer est bien formée, le vent entre 25 et 30 noeuds de Mistral.

Rapidement nous dépassons l’île de Porquerolles, Port Cros. À fond les ballons, nous partons au surf à 9 noeuds. La sensation est magique de sentir le bateau surfer et partir en sur-vitesse dans une écume de mer. Il fait beau, le vent est bon, la mer splendide, je me sens bien. Heureux d’avoir enfin quitté le pays des lotophages. J’aime le mouvement, l’action. Souvent celle-ci est objet de fantasmes et de peur mais en la vivant on la rend abordable et nécessaire. En tout cas moi j’ai besoin de la vivre pour dissiper l’angoisse de l’imaginer. OK je dois être un peu givré…
Au fur et à mesure que l’on approche du Cap Camarat le vent mollit. Ce cap est tristement célèbre pour les voileux car synonyme de changement de régime météo, souvent les calmes plats de la côte d’Azur. Mais là nous vivons le calme comme un apaisement après plusieurs jours d’une soufflerie non stop à devenir dingo. Le bateau n’avance plus mais je m’entête à conserver la voile. Un vent léger me donne raison.
Nous arrivons bientôt devant la fameuse plage de Pampelone. Nous avions décidé d’aller au port à Ste Maxime mais la tentation est trop grande d’aller mouiller dans cette baie mythique, vide de yacht à cette saison. Allez, ni une ni deux nous changeons de cap et allons mouiller tranquillement l’ancre par 5m de fond devant la belle plage vide de monde.
Le moment est magique. Nous décidons d’aller prendre notre premier bain de mer de l’année. Fous de joie et hystériques.
Comme un symbole du début de notre aventure, nous profitons à 100% de chaque secondes de ce moment hors du temps. Seuls au monde à flotter au dessus d’une eau transparente et calme.
Le soir arrive, avec son cortège de lumières douces et pastels, ses odeurs de terre et de pins. Un navire de guerre vient mouiller au large de la baie comme un cerbère protégeant notre bonheur des tumultes de la vie des hommes. Nous sommes ici sur le fil de funambule, entre 2 eaux et 2 mondes. Tout est fragile et si beau que nous hésitons à parler trop fort.

22h. Le vent de terre arrive chariant avec lui de multiples tonalités de senteurs. Des odeurs de terre comme on ne les sent jamais sur terre. C’est étonnant comme nous sentons la terre en mer comme nous sentons la mer sur terre. Comme si le manque était nécessaire pour apprécier tout chose.

Quel bonheur les enfants de vous lire de sentir avec vous ce moment magique que seul quelques privilégiés peuvent vivre. Vous en faites partie savourez le. C’est extraordinaire pampelone presque que pour vous. On vous envie. Qu’ils sont beaux les matelos.
gros bisous
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