Vendredi 26 juin 2020
Notre séjour en Corse est prévu court mais intense. Après une nuit au port de Macinaggio qui ne fut pas mémorable (passons sur l’accueil inexistant ou encore la commande d’une pizze où le pizzaiolo ne m’a pas adressé la parole, m’a fait poireauté 20mn pour, finalement, me donner ma Regina sans un mot) il était temps de retrouver un environnement plus sauvage et apaisant. Ce port, qui m’avait laissé un excellent souvenir, a bien changé avec des travaux de dragage qui foutent un bordel pas possible. Je passe sur la bêtise des ouvriers lorsque la barge s’est présentée à quelques mètres de Babar avec ses imbéciles me faisant de grands signes plutôt agressifs m’invitant à dégager prestement. Une belle brochette de cons payés par mes impôts et l’aumône de tourisme que je daigne leur verser. Qu’ils aillent au diable. Bref, cassos et pas fâché.
Je vais au mouillage à quelques encablures de là. Le paradis sur terre et une soirée douce à écouter un chanteur à la guitare sur un bateau voisin. Le soleil couchant sur les montagnes environnantes vides de population ajoute une touche sauvage à la solitude du lieu.


Le lendemain, jeudi, je retourne au port récupérer Doriane qui a fait un break dans un hôtel pour se remettre de ses émotions de la traversée. Mais avant cela, je m’octroie une matinée en solo à vaquer à mes occupations. Et notamment une baignade matinale durant laquelle j’ai fait la rencontre d’une belle murène. Dommage que je n’ai pas pris ma gopro pour la filmer.
Je reviens donc au port de Macinaggio où les tristes cons de la veille sur leur barge sont encore là, à remuer la merde du port, et en obstruent l’entrée en ayant rien à foutre des gens comme moi. Il me faut m’y prendre à 2 reprises pour passer sans encombre avec le vent sur le travers. Un vent thermique qui commence à souffler. N’y une ni deux je récupère Doriane et mettons le cap vers l’Italie, j’ai nommé l’île de Capraia !! Forza !

La navigation est superbe avec un vent à près de 20 noeuds dans une allure bon plein. Je n’avais pas vraiment prévu cela et c’est avec le génois et non pas le foc que nous faisons route. Mais aucun problème à signaler avec parfois une belle gîte à accuser. Le temps d’avaler un dej vite préparé mais toujours savoureux et nous voilà déjà en vue proche de l’île, distante tout de même de près de 20 milles de la Corse. Venant de la mer, l’île fait furieusement penser à l’Odyssée, une montagne aride et hostile plantée dans la mer avec des dizaines de grottes secrètes et innaccessibles sur son littoral ouest. Au moment de passer le cap nord, comme je le craignais, nous tombons dans un trou de vent. Mais quelques manœuvres habiles et nous sortons de ce piège. Après 2 ou 3 virements de bord nous voilà dans la baie du petit port de l’île.
Les bouées de mouillage ne sont pas encore installées et le mouillage à l’ancre n’est pas sain (herbiers de posidonie). Nous décidons d’aller au port avec finalement la bonne surprise du coût : 30€. Pourquoi se priver à ce tarif ?
L’endroit est un enchantement à tous les niveaux. Un personnel du port adorable, la gentillesse des passants, l’accent italien, les odeurs de maquis, de bouffe, un je ne sais quoi de dolce vita conservée des années 60 etc… Bref le bonheur total ! Nous partons en exploration du petit village en hauteur pour découvrir que cette île a finalement un passé pas si austère que ne le laisse suggérer son environnement naturel. Elle a été l’une des plus importantes places fortes de Méditerranée contre les pirates jusqu’au XVIIIe siècle. Il y a eu une courte période à la limite de la blague historique où les troupes Corses de Pasquale Paoli ont assiégé l’île sans réussir à la prendre. Puis colonie pénitentiaire jusqu’à aujourd’hui, Havre de paix.

Après cette petite balade de mise en immersion dans notre belle culture italienne à Doriane et moi, il est temps de se préparer pour la sera. Douche au port, un peu l’arnaque où il faut payer 4€ pour 5mn chrono. Je ne suis pas contre l’idée dans un endroit où l’eau est si précieuse mais 5mn… Nous sommes sortis de la douche avec encore du savon. Le resto du soir : « chérie », le bien nommé, un peu à l’écart du port où nous dégustons des produits locaux de la mer : pasta à la poutargue et pasta à l’araignée de mer le tout accompagné de vins locaux. Nous retournons au bateau l’esprit plein d’Italie.
Dès le début de notre escale, nous ressentons, Doriane et moi une belle émotion dans cette escale, les origines aussi fortes que la culture italienne nous parlent d’un coup avec douceur et sensibilité. Quelque chose à fleur de peau et d’âme.
Bon à savoir :
A Capraia, 2 choix en pleine saison : soit aux bouées (amarré avant et arrière) soit au port. Les
mouillages ne sont autorisés que dans une baie Cala del Ceppo située au Sud Est de l’île.Attention, la cala della Mortola située au nord est interdite de mouillage pour la nuit.