Bella Elba

Mardi 30 juin 2020

1 mois qu’on est partis… Mon record n’est pas battu mais c’est imminent. Telle une frontière espérée mais impossible. Je suis déjà venu ici mais c’était un autre temps. 4 ans. Une éternité. Que d’expériences vécues depuis. Jusqu’à l’ultime. Mais pas la dernière ! Une aventure partagée, avec Doriane, avec Solenzu. Je regarde un peu derrière, ça fait déjà un mois, et pourtant, c’était hier. Une somme impressionnante de souvenirs et de sensations. Continuons !

Ciao Capraia

Le vent nous porte aujourd’hui jusqu’à l’île d’Elbe, si connue pour Nabot-Léon mais si méconnue par elle même. En sortant du port de Capraia, horreur… Nous voyons flotter, sous l’ignorance de tous, le cadavre d’un dauphin. Certainement celui du dauphin croisé dans la crique de la veille. Il a certainement été tué par une hélice car sa nageoire dorsale n’est plus là. C’est terrible et nous sommes effondrés par cette vision. Que feraient les autorités et les gens si on croisait le cadavre d’un chien avec une patte arraché au milieu de la rue ? Certainement pas rien. En mer tout le monde s’en branle. Nous sommes scandalisés et avons envie de prendre les armes contre les cons. Mais évidemment nous continuons notre route, impuissants.

Heureusement le vent est bon et nous entraîne rapidement loin de cette vision venue gâcher un peu notre séjour. Au fur et à mesure que nous approchons de l’île d’Elbe, le vent et la mer, sous celle ci, se calment et deviennent même tournoyant. Mais nous maintenons la voile. L’île est en vue, les criques nombreuses et l’approche se fait en douceur. Mais tout à coup, alors que nous étions depuis un moment à lutter pour tirer le meilleur parti du vent, celui ci vient brutalement à 20 noeuds du sud. Ça envoie sévère et je dois prendre un ris dans la grand voile. Pendant ce temps en bas, ça ronque…

Nous arrivons en fin de journée dans un crique, la cala Biodola, totalement à l’abri de ce vent, apaisés. Un bon bain dans une eau désormais à 21 degrés nous remet les idées en place. Nous restons sur le pont à regarder le magnifique coucher de soleil sur Capraia comme un adieu de nos beaux souvenirs là-bas.

Le matin une petite houle nous raccourci la nuit pourtant si belle. C’est ainsi la mer, être à la merci des éléments et avoir bien conscience que chaque plaisir a son prix. Et nous avons payé cash la magnifique soirée calme de la veille.

Je vais seul à terre en annexe pour aller me prendre un café à un Bistrot de plage et découvrir un peu cette terre. Déception j’arrive dans un club de vacances tout ce qu’il y a de plus atroce. Tout y est : l’accès privé, les plages parasols, le golf, les terrains de tennis en terre battue, y’a même une église en plein air genre amerloques avec une fontaine dans la roche en guise d’autel. Hyper kitch, hyper à chier. Je ne comprends pas l’intérêt de passer des vacances all inclusive dans un truc pareil. D’autant que l’endroit est plutôt pour les beaufs friqués. Bref on va pas s’attarder. On appareille direction une cala d’à côté qui semble à voir un petit village, Procchio.

Depuis le café

L’anse de mouillage est très grande et libre de bateaux. J’ancre Babar bien à l’écart dans une belle eau sur du sable à 6m de fond. C’est la fête, baignades, dej sous l’ombre du taud que j’ai installé, sieste etc… Nous allons à terre en annexe en fin d’après midi. Grosse déception là aussi… Ici on est dans la version beauf des beaufs… Horrible. Beauf land. Mais comment des gens peuvent venir ici ? Pour l’instant c’est la grosse déception à terre. Depuis la mer l’île est très belle et boisée, mais sur terre dans les baies, c’est franchement pas terrible.

Je suis content de revenir sur le bateau pour me baigner à l’écart de tout le monde, seuls. Il fait très chaud et la baignade est comme une nécessité au delà du plaisir.

En remontant sur le pont, j’enjambe la table et pan je me prends la bôme brutalement en plein poire. Le choc est assez violent et je tombe dans le cockpit sur les fesses légèrement KO. Je m’inquiète un peu tout la soirée mais finalement je serai quitte pour une belle bosse. Avertissement sans frais.

Lundi, ça y est on part pour Portoferraio. Le vent forcit dès le matin, nous invitant à réduire la voilure. Mais la navigation se passe bien et je dois envoyer le moteur une fois au niveau du vieux port. Notre destination est la Marina abordable du coin avec un nom imprononçable Cesaom machin chose. 29€ la nuit alors que c’est 85€ au vieux port. L’entrée est un peu étroite et le port est situé sur une zone de chantier maritime qui n’est pas dénué de charme. Encore faut il apprécier les vrais ports avec une vie nautique. Ça pue, c’est moche mais j’aime ça.

Dès l’arrivée nous sautons sur le quai avec la soif de découvrir cette belle cité italienne. Nous enfourchons les vélos prêtés par la Capitainerie et empruntons la route nous menant en 10mn sur le vieux port. Un vrai enchantement se présente à nous. Couleurs ocres et bâtiments du XVIIIe siècle nous entourent de la magie douce de l’Italie.

Après un déjeuner dans un resto blanc avec Pasta alle Vongole again il est temps de retourner au bateau pour la corvée Babar qui nous attend. Lessive, courses. Un petit sketch pour la lavanderua du port où je me fais balader de partout pour faire de la monnaie, sous un soleil de plomb avec mon chapeau de cow boy des mers… J’en profite en passant pour tailler une bavette avec un vieil homme assis à l’ombre sur le port. Il me raconte sa vie d’ancien ouvrier des chantiers navales et m’informe que Napoléon n’est pas français ni même Corse mais bel et bien Toscan, son père étant natif de Pise. Intéressant. Le gars était touchant et intéressant avec son moignon à la main que la pudeur m’interdit de lui demander l’origine. Tout chez cet homme parlait d’un temps ancien fait de labeur dur et finalement d’une belle époque à l’entendre, où tout était possible. De retour à la lavanderia, nous allons boire une bière au bistrot du port pour discuter sur les suites de l’aventure : Sardaigne ou côte Italienne? Mystère.

Mardi nous nous levons tôt pour faire les dernières courses et partir en direction de Porto Azzuro de l’autre côté de l’île. L’immersion éphémère dans un supermarché bondé est une expérience épuisante quand on vient de la solitude de la mer. Et nous sommes heureux de repartir au frais du large. Le temps de doubler le cap de la Bella Vita au point le plus septentrional de l’île nous pouvons apprécier le manège important des ferrys du continent. Au moins 2 toutes les 30 minutes.

Cette partie de l’île est bien loin des gogos Land de clubs de plage et de vacances. La nature y a toujours ses droits avec une végétation dense et de belles criques de couleurs diverses laissant augurer une grande richesse en fer, exploité depuis l’antiquité ici. Ça y est, j’ai dépassé le point symbolique du parcours le plus long fait à ce jour en voilier. La dernière fois que je suis passé ici, c’était en 2016 avec Nath, Roman et l’équipage de Margot. Au-delà de ce point c’est la terra incongnita et la promesse de découvertes en commun avec Doriane.

La nav du jour est houleuse, l’équipage n’est pas content

Nous arrivons dans la baie de Porto Azzuro. Il fait 34 degrés et nous rêvons d’une escale où nous baigner. L’endroit est plutôt étrange ici avec une large baie ouverte à l’est, un chantier nautique et la jolie vision de Porto Azzuro qui semble être une cité authentique. À confirmer à terre. Je mouille l’ancre dans un grand espace libre de tout bateau. Mais celle ci ne croche pas. Comme je le pensais, le fond de la baie est une vase molle qui n’accroche pas. Je dois changer d’ancre pour passer sur le modèle lourd. Après cette opération nous passons à l’eau. Avec mon masque je constate avec un frisson que le fond de 8m est occupé par une épave de navire. À quelques mètres j’aurais pu y coincer l’ancre.

Le soir se passe avec douceur à écouter de la musique et déguster une Pasta maison. Je suis pris d’un sentiment de mélancolie et de nostalgie, déjà conscient que l’aventure exceptionnelle que nous vivons est éphémère et laissera derrière elle des souvenirs d’une grande intensité. Déjà un mois…

Bon à savoir :

A Portoferraio, préférer le port de plaisance Esaom Cesa (29 €), beaucoup moins cher que le vieux
port (85 € la nuit hors sanitaire). La capitainerie prête des vélos pour aller en 10 minutes au centre-ville. En plus il y a un
shipchandler très bien achalandé et un sympathique bistro.

A Porto Azzuro, la poissonnerie sur la place principale devant le port est excellente.

Attention au mouillage de Porto Azzuro, il y a une épave et les fonds ne sont pas de bonne tenue.

Une réflexion sur “Bella Elba

  1. sylviedonini

    Ah enfin des nouvelles sur le blog …je me doutais a vrai dire je le sentais que cette arrivée a l’ile d’elbe était empreinte de mystère…
    C’était le coup de baume j’espère que cela a été sans conséquence.
    Un vrai plaisir de vous suivre a nouveau on sent maintenant qu il sagit d’une vraie aventure car vous venez de dépasser cette zone de confort d’une simple navigation avec une durée courte, vous entrez du coup sur du long terme c’est exaltant je pense et peut etre un peu inquietant car cela demande plus de concentration car la fatigue de la navigation se fait certainement un peut sentir le manque d’habitude mais vous allez vous y habituer.
    En tout cas pour nous dans notre fauteuil (du fait de notre age) on reve on aimerais etre avec vous mais cela nous est interdit c’est trop tard. Alors profitez en a fond c’est une occasion unique
    que bien des personnes doivent vous envier.
    On vous aime sylvie robert

    J’aime

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