Lipari

Mercredi 22 juillet 2020

Nous partons de Panarea et de notre joli mouillage tranquille en direction d’une petite Marina située à côté de la ville de Lipari sur l’île éponyme. La navigation est belle avec un vent d’ouest à nord ouest toujours présent dans ce secteur. Quand on parle de vent dominant c’est sans aucun doute celui ci. L’île de Lipari se dessine maintenant nettement et nous pouvons apprécier sa verdure en contraste avec les deux précédentes.

Nous longeons la baie de Porticiello avec la grande usine désaffectée de pierres ponces et ses eaux réputées translucides. Nous y reviendrons, en attendant cap au port!
Sous le vent de l’île, le vent se renforce nettement pour atteindre force 5 en entrant dans la rade de Lipari. L’arrivée au quai promet d’être sportive…
J’appelle le canal 9, traditionnellement utilisé pour les manœuvres de port. Je tombe sur un accueil digne de l’arrivée d’un paquebot. L’ormeggiatore m’appelle Commandant… Et m’aide à me positionner sous le vent d’un ponton, le seul bien adapté au vent du jour. Ce dernier ne s’épargne aucun effort pour nous rendre l’accueil agréable. En continuant tout du long à m’affubler du titre de Commandant… Heureusement que je ne souffre d’aucun complexe car je pourrais le croire et me prendre au jeu. Au lieu de ça, ce sera un bon sujet de rigolade.
La chaleur est accablante, notre vie au mouillage nous épargne cette souffrance que nous ressentons dans les ports. Les corvées du jour nous attendent mais auparavant nous allons nous restaurer au resto du port. Une petite arnaque, pas bon et cher.
Après cela nous allons en bus au centre ville situé à 10mn de la Marina. Objectifs : courses et lessive. Je ne vais pas m’étendre sur ces 2 corvées, terribles par grande chaleur. Sachons tout de même que l’arnaque semble propre à ce lieu car nous avons payé 50€ pour faire tourner 3 machines…

La petite ville de Lipari, commune de l’ensemble des îles Éoliennes, est assez étonnante et charmante par son architecture. Les bâtiments sont colorés mais sont dans un peu en état de décrépitude, ce qui n’enlève rien au charme. On ne ressent pas vraiment de pauvreté mais un train de vie très modeste de ses habitants. La rue principale est toute dévouée au dieu tourisme avec un grand nombre d’échoppes vantant une soi-disant authenticité pour attraper des nigauds de touristes. Nous sommes morts de soif, j’entre dans une de ces échoppes et ressors avec un litre d’aqua frezzante. Nous prenons des petites rues adjacentes à la via des touristes à la recherche d’un peu de vraie authenticité. Nous arrivons bientôt au port, charmant avec des gamins qui jouent à sauter dans la mer et des vieux pêcheurs, las, qui les regardent avec la gourmandise de la vieillesse qui regarde la fougue d’une jeunesse perdue.

La chaleur est écrasante et le soleil, mordant, transforme les ruelles sombres en havres de paix. Nous arrivons bientôt dans le vieux quartier de la ville, celui des habitants, loin des bobs et shorts à appareil photo. Nous voici sur une petite place avec, en son centre, à l’ombre, une table en plastique et un couple de vieux, assis là, devant leur appartement en rez de chaussée, à se tenir la main. Quelle inspiration que ce couple qui doivent certainement fêter leur 60 ans de vie commune, à se tenir ainsi, amoureux.

À 100m de là nous voyons un primeur de quartier. C’est là que nous allons faire nos courses. Bonne idée car, l’épicier, adorable, non content d’avoir de bons fruits et légumes, nous offrent quantité de petites choses : des amandes, de la menthe, du basilic… Le sens du commerce bien sûr, mais aussi l’hospitalité. Nous allons ensuite boire un verre de vin de l’île de Salina toute proche. De belles découvertes.

Nous retournons au bateau en taxi chargés de linge, et payé 15€ pour moins de 5mn… Il est temps de retrouver notre Solenzu.

Bon à savoir :

La « marina » Eolmare est chère (comme toutes les marinas en Italie) mais le service d’accueil
de l’ormeggiatore est impeccable. Par contre c’est loin du centre de la ville mais un bus au pied de la
marina vous y emmène en 10mn. Le service de laverie est très onéreux au même titre que la
laverie en ville.

Attention le vent dominant se renforce une fois dans la baie de Lipari.

Jeudi 23 juillet

Nous quittons assez tôt ce port, sympa mais étouffant, espérant retrouver de la fraîcheur au mouillage.
C’est à la voile, par un vent très faible que nous mettons le cap vers la fameuse baie de pierres ponces, Porticello. Distante d’à peine 3 milles, nous mettons 3h pour y arriver à une allure de chameaux. La baie est très atypique, avec une eau très turquoise et des fonds tout blanc. Le paysage est insolite, occupé par une ancienne carrière usine désaffectée de pierres ponces. C’est étrange d’être dans un joli environnement naturel avec ces infrastructures de métal rouillé et de béton en décrépitude. Je pense aux centaines de gens qui devaient bosser ici. Que sont ils devenus. Il y a une sorte de mélancolie qui se dégage des lieux. Certes la nature reprend ses droits ici mais c’est comme si l’apocalypse écologique avait eu lieu et renvoyer les hommes à l’âge de pierre.

Nous passons là une belle soirée à admirer au loin Panarea et Stromboli.

Vendredi 24 juillet

La nuit a été très houleuse et nous sommes tous fatigués de ce mode de vie depuis plusieurs jours dans les Éoliennes. Toutes les nuits où presque ont été sujettes à la houle, quand ce n’est pas celle générée la journée par les nombreux ferrys qui désertent les îles, c’est celle de la nuit générée par les vents dominants d’ouest et nord ouest, et qui arrive à contourner les îles, peu abritées. J’offre à Doriane une nuit d’hôtel au joli village de Canetto situé juste au fond de la baie. Je trouve un mouillage agréable, seul juste devant la plage du village. Nous resterons ici 2 nuits (avec de la houle…). La première nuit, passée seul avec Solenzu, est étrange avec, en fond, une messe en plein air donnée par le cureton local dans son église kitschissime affublée, à l’entrée, d’un grand porche rose tout éclairé. On dirait un peu un prédicateur à l’américaine. Le lendemain, on se retrouve avec Doriane dans ce charmant et un peu désué village de bord de mer. Nous décidons de quitter les Éoliennes plus tôt que prévu. Les mouillages sont trop exposés à la houle et j’avoue aussi en avoir ma claque des bateaux à moteur…

Bon à savoir :

Le mouillage devant le village de Canetto est assez délicat car les fonds remontent très rapidement de 6 à 20m.

Une réflexion sur “Lipari

  1. sylviedonini

    Quelle arrivée a Lipari gratifiante tu a gagné ton titre de « commandant » du a ton drapeau français car l’ormeggiatore a du penser que venir de france jusqu’ici meritait bien ce titre en plus du fait que les italiens aiment bien les grades.
    Et on pense avec Robert que tu l’a gagné ce titre de meme Doriane qui elle a gagné le titre de lieutenant et sousou matelot supérieur.
    Cette escale est émouvante par les rencontres avec des gens authentiques et ta description du grand âge très profonde et tellement réaliste.
    Quel moment ou seul avec solenzu tu assiste a une messe en plein air moment de spiritualité qui ne peut que vous être favorable et vous aider pour la fin de votre parcours. Que de belles choses c’est reéllement un voyage initiatique !
    Gros bisous.

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