Lakka et une crique secrète…

Mardi 18 août 2020

Réveil tôt dans cette belle crique entourée de forêts. Je profite de ce sommeil un peu écourté pour faire une petite excursion à terre. Je suis bien évidemment seul au monde sur cette belle plage et laisse l’annexe sur son lit de sable avant d’emprunter un chemin de chèvre dans la forêt. Un morceau typique de méditerranée s’offre à moi. Cyprès, pins, chênes verts, oliviers. Au bout d’une petite montée je traverse toute une oliveraie de récolte. Les arbres sont très grands et nul doute centenaires et je me plais à imaginer que certains ont vu la Grèce antique, mais ne rêvons pas trop.

Après cette belle balade je retourne au bateau pour aller à Lakka, célèbre petit hameau au nord de l’île. J’hésite pourtant à m’y rendre car je crains le parking à bateaux et la foule.

Après 45 minutes de navigation au moteur j’arrive à l’entrée du mouillage. Évidemment c’est farci de bateaux en tout genre. Je ne comprends pas l’esprit grégaire de beaucoup de plaisanciers. Ceci dit moi aussi je suis là… L’eau est très belle et le fond de sable de 3m est un parfait mouillage. J’ai hâte d’aller à terre mais tout d’abord j’aime regarder tranquillement autour de moi et prendre note de tous les détails. À l’entrée de la crique, ou plutôt de la baie, c’est le quartier des gros navires et catamarans, tout le long des petites falaises ocres est occupé par une grande quantité de navires qui s’amarrent à terre par l’arrière et mouillent l’ancre par l’avant. Il va bien falloir que je m’y mette à cette particularité locale mais en solo, ce n’est pas simple et à ce jour je n’ai pas jugé utile de m’y essayer. À l’ouest 2 plages de graviers à l’ombre d’oliviers tombant dans la mer, là c’est le royaume des touristes gras et bruyants sur des transats. À l’est c’est le coin des tout petits bateaux moteur avec un petit môle d’amarrage. C’est aussi l’endroit d’un bâtiment officiel faisant penser à un temple grec restauré. Et au fond, le village avec, comme souvent ici, un quai et juste derrière, blottis, des habitations et tavernas. On peut aussi s’y amarrer par l’arrière et ancre à l’avant.

Je vais à terre pour découvrir ce charmant endroit en laissant l’annexe sur le petit quai aux pieds d’une Taverna. D’étroites ruelles pour se protéger du soleil mordant serpentent dans ce petit village aux allures de petite communauté préservée. Je m’installe à un petit café comme poste d’observation de la vie quotidienne des habitants et… Des chats… Pas tous en pleine forme mais toujours espiègles.

J’ai lu qu’il y avait un régiment entier de rats dans l’île et en particulier cette crique. Même si j’ai un chat à bord, je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas une confiance folle en sa dextérité… Du coup j’installe sur la chaîne de l’ancre une bouteille en plastique coupée et la tête vers le bateau. Ainsi le rat ne pourra pas monter. Et je retire évidemment toutes les échelles de bain de Solenzu… J’ai entendu dire que les rats d’ici, forts de leurs expériences acquises de générations en générations, pouvaient nager vers les navires au mouillage.

La fin de journée est propice à une balade à terre pour essayer d’aller voir, sur un promontoire, perdue dans la forêt, une église abandonnée. Même à 18h la chaleur est pressante. C’est en nage que je reviens de cette petite rando dans le maquis et les broussailles.

Le soir… Resto pas bon et un petit verre de blanc sur le quai avant de retourner au bateau.

Bon à savoir :

Lakka : si vous aimez les parkings à bateaux, c’est le bon spot… au niveau des restaurant, ce n’est pas terrible
non plus.

Mercredi 19 août 2020

Il fait une grasse et lourde humidité ce matin. Ça sent le changement de temps. J’ai hâte de reprendre la mer pour chercher un peu de fraîcheur. On ne traîne pas trop avec Solenzu car on doit remonter sur Corfou pour accueillir notre Doriane vendredi. Deux épisodes de vent du nord fort sont prévus. Je regarde sur la carte et je vois sur le continent une petite crique située en amont d’une longue plage de sable. À plusieurs kilomètres à la ronde c’est le vide. Le premier port est Igoumenitsa loin dans le sud est. Les cartes indiquent des fonds incertains avec une profondeur de 0.5 à 1m…c’est bizarre car normalement une côte rocheuse située dans la continuité d’un lido de sable présente des profondeurs croissantes. Bref sur ce coup je décide d’aller voir moi même. J’avale les 15 milles assez facilement, tout d’abord en tirant un long bord au large en sortant de Lakka puis cap sur la bordure sud de l’île de Corfou. L’endroit est étrange car les fonds sont faibles alors qu’on est pleine mer. Je vois même les roches, herbiers et sable avec parfois des profondeurs de 4m… Brrrr ça fait un peu froid dans le dos de foncer à 5 noeuds dans ces conditions.

J’arrive enfin en vue de la crique en question, c’est très beau et sauvage avec de la roche ocre nue et du maquis et bien sans bateau. J’avance prudemment, les yeux altérnant entre le sondeur, la surface de la mer pour deviner les types de fonds et la carte. Bingo ! Comme je le pressentais, mon sondeur indique pour l’instant 7m là où les cartes donnaient une incertitude autour des 2m. Mais il me faut aller plus loin dans la crique pour mettre le bateau en sécurité. Je suis maintenant dans la zone où les cartes donnaient 0.5m et je suis à 3m. Je fais un grand cercle autour du point que j’ai identifié pour mouiller l’ancre afin de sécuriser le bateau par son évitage. Il s’avère qu’une grande partie de la crique présente des fonds de 3 mètres. Tout est OK je mouille l’ancre.

L’endroit est tout simplement splendide et empreint d’une grande solitude. Le fond de la crique présente une petite plage entourée de végétation, les hauteurs sont nues avec au sommet de la colline des champs d’oliviers. Je décide de rester ici 2 jours d’autant que le vent dominant du nord se met à souffler fort et décape la mer au large. Les conditions me rappellent chez moi lorsque, dans une cala près de Cadaques, je me protégeais des fureurs de la Tramuntana. C’est un peu pareil ici. Les rafales sont fortes, tirent le bateau sur son ancre, l’air est sain et sec et la mer au lointain est lézardée de diamants. Il y a une ambiance métallique et douce en même temps. Je me sens bien et mélancolique.

Le lendemain matin, après une belle nuit sous la voûte étoilée pure, je vais me balader pour découvrir l’endroit depuis la terre. Je suis Ulysse ! Je découvre sur les hauteurs, perchée, une toute petite église Orthodoxe qui semble s’inspirer de la beauté de la vue sur la mer pour inspirer recueillement et contemplation à ses fidèles.

L’intérieur de l’église depuis l’extérieur car elle était fermée.

2 réflexions sur “Lakka et une crique secrète…

  1. sylviedonini

    Quel privilège d’arriver dans ces criques et de se retrouver seul au monde devant un décor si beau si authentique, tu a le chic pour trouver des endroits de ce genre car tu ne te contente pas des cartes tu découvre par toi même et surtout le courage de t’y aventurer avec prudence chaque fois. Bravo…
    Que de belles photos assorti de commentaires bien détaillés.
    C’est sur tu ressemble de plus en plus a Ulysse…

    J’aime

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