Dimanche 23 août 2020
Nous partons de ce joli port de Mandraki en direction de l’endroit où va nous porter le vent. Cette escale aura été fantastique même si j’ai du m’employer à des menues taches de réparation désagréables à savoir, démonter les chiottes, changer des valves et surtout les déboucher… C’est toujours bon pour l’humilité… De mettre un peu les mains dans la merde ! Ça remet les idées en place et ça ferait du bien à certains.
Pour l’instant le vent est quasi nul, nous faisons du 1 noeud, mais nous sommes toujours mieux ici, en mer, qu’au port où l’étuve fait sa dure loi. Impossible de négocier avec la chaleur. Les peuples du nord ne peuvent pas comprendre qu’avec la chaleur aucun effort n’est réellement possible ni aucun échappatoire. Avec le froid, on se couvre, on fait du feu… Avec la chaleur, nul endroit ne peut vous sauver. Pour ceux qui n’y sont pas habitués, cela peut être source de panique. En tout état de cause nous sommes mieux en mer, à l’ombre de la voile à se laisser glisser avec le peu de vent disponible.
Nous arrivons finalement à ma fameuse crique découverte avant d’arriver à Corfou. Je suis content de la faire découvrir à Doriane. Toujours aussi déserte et nous nous baignons nus dans ce petit paradis.
Hélas la nuit n’a pas été aussi belle que la dernière fois, car, le vent étant nul, la mer est plus sensible à la houle provoquée par les ferrys qui croisent au large.
Décidément, car une nuisance n’arrive jamais seule, le matin, ce sont des guêpes qui s’invitent au petit déjeuner. L’une d’elle pique Doriane. Je décide aussi sec de lever l’ancre et d’aller au large pour la baignade matinale. Nous reviendrons un peu plus tard dans la crique pour aller un peu à terre.

Il est bientôt midi, il est temps de repartir en direction de l’île de Paxos distante de 18 milles. Le vent est pour l’instant faible mais il monte progressivement en puissance au moment de déguster nos traditionnels sanwiches… Nous arrivons à 17h à l’entrée du port de Gaios sur Paxos. Celle-ci n’est pas évidente à voir depuis la mer mais une fois à l’intérieur du bras de mer c’est hyper tranquille. La mer forme un coude qui entre carrément dans la terre entre une petite île et la grande île de Paxos. L’endroit est sublime et fleure bon la Grèce typique. Nous allons bientôt nous essayer à la manœuvre typique d’un amarrage à la grecque. Étrave ou cul au quai en ayant auparavant mouillé l’ancre. Doriane est à l’avant, prête à amarrer le bateau au quai et moi au moteur et prêt à mouiller l’ancre par l’arrière. Pour ce faire j’ai frappé sur mon ancre lourde une chaîne de 6mm de 4 mètres et ensuite un bout de 30 mètres. On est dans l’axe, Doriane est prête, elle a déjà demandé à un gars sur le quai de passer les aussières dans une boucle. Je balance l’ancre et laisse filer au fur à mesure que j’avance. La chaîne se tent, les amarres avant sont au taquet, on est parés ! Manœuvre réussie. Bien joué à l’équipage.
Le village est un enchantement avec ses quais au ras de l’eau, ses tavernas dans des ruelles étroites et colorées. Et toujours cette paisible langueur, hors du temps. Le soir nous allons dîner dans un vrai restaurant loin des tavernas touristiques du port.
Bon à savoir :
Gaios sur Paxos est un endroit magnifique qui se paye par un amarrage aux quais un peu laborieux.
Attention de bien se mettre aux zones non dédiées aux ferrys sous peine d’être délogé manu
militari. Ne pas croire que c’est gratuit car un préposé est venu nous voir et nous avons dû
payer… 5€…
Mardi 25 août 2020.
C’est dur de résister mais nous partons de ce joli et apaisant endroit pour rejoindre une crique plus au sud. Au début nous souhaitions aller à Anti Paxos, mais le vent va rendre les mouillages de cette île difficiles pour la nuit à venir. Nous allons donc aller dans un mouillage très protégé au sud de Paxos, Mongonissi. L’endroit est, là encore, très beau et entouré de forêts. On se croirait dans un lac de montagne. J’apprendrai plus tard que ce que je croyais être des pins sont en fait des cyprès de formes diverses, tantôt pointus et effilés, tantôt broussailleux ressemblant à des pins à crochets.
Le problème c’est que nous ne sommes pas les seuls à vouloir se protéger du vent de nord qui va rentrer. Et nous assistons toute l’après midi à une valse d’entrées de bateaux, souvent de location. Évidemment parfois c’est le bordel avec des attitudes laissant augurer une catastrophe quand par exemple des gars mouillent l’ancre juste devant un autre bateau. Mais tout s’apaise à la nuit tombée.
Bon à savoir :
Mongonissi est comme un lac de montagne entouré de pins (en l’occurrence des cyprès). Le mouillage est correct et bien
protégé mais attention car il peut y avoir beaucoup de monde.
Mercredi 28 août 2020
Une des plus longues navigation prévue en Grèce se profile pour cette journée. Nous allons à Preveza à un peu plus de 30 milles. Le vent est prévu soutenu vers la mi journée. D’ici là ce sera moteur. Avant de partir nous nous octroyons une petite balade à terre. La navigation n’est pas très agréable car je dois faire attention de ne pas trop m’exposer au soleil à cause de mon traitement antibiotique et le moteur rend l’atmosphère difficile.
Heureusement le vent finit par arriver. Mais avec lui une houle assez grosse et très pénible qui met nos estomacs à dure épreuve. Au bout de 6 heures de navigation au portant sous grand voile seule à danser dans la houle, nous arrivons devant le canal de Preveza. La particularité locale est que, par vent dominant de nord ouest, la mer devient confuse ici car les fonds remontent brutalement. Ceci combiné à de forts courants contraires venues de la petite mer intérieure d’Ambracique renforce la difficulté. Je décide de prendre le canal à la voile car on dit que les courants peuvent être de 3 noeuds. Or, mon moteur ne me permettra pas de l’étaler avec sécurité. Tout le monde sur le pont ! Doriane au sondeur et à observer l’arrière du bateau au cas où un navire se présenterait. Moi à la barre. Finalement tout se passe bien et nous arrivons à la Marina de Preveza.
Preveza fait parti de ces lieux au charme suranné et surprenant. Au début on se croirait dans une station balnéaire lambda. Mais très vite on se rend compte que l’on se trouve dans un endroit où on se sent bien. Il n’y a pas vraiment de raison objective. Les gens sont gentils, c’est calme, familial… Nous apprenons que ce lieu n’est touristique que pour les grecs. Les seuls étrangers sont plaisanciers avec la présence de nombreux chantiers d’hivernage. L’endroit est aussi célèbre pour avoir été le théâtre de la fameuse bataille navale décisive d’Actium entre Octave (futur empereur Auguste) et Marc Antoine en 31 av JC. Marc Antoine perdit la bataille et du se réfugier en Égypte chez Cléopatre pour mettre fin de façon tragique à l’une des plus célèbre histoire d’amour de l’histoire.
Le soir nous allons dans le quartier des tavernas se dégotter l’élue pour dîner. Un personnage haut en couleurs nous propose de nous attabler. Nous dînons de fritures diverses et notre ami n’a de cesse de nous offrir des mets (aperos, desserts etc…) le tout avec une bonne humeur communicative. Incroyable !

La journée du jeudi est destinée à la préparation du bateau pour la suite. De mon côté je dois faire la maintenance du moteur (changement roue de la pompe à eau du refroidissement du moteur, vidange et changement du filtre à huile et du filtre à gasoil). J’ai toutes les pièces, je peux commencer. Je m’attaque d’abord par le changement de la roue de la pompe à eau. J’ai un peu de mal à fermer la vanne d’arrivée d’eau mais je finis par y arriver.. J’ouvre le capot délicatement, non sans avoir au préalable disposé des éponges au sol. De l’eau coule, c’est normal. Mais ce qui n’est pas normal c’est qu’après 2h à éponger ça coule toujours… La vanne a un problème. Je vais tester de la reouvrir et là, impossible. Je crains comprendre, elle est soit grippée de l’intérieur, soit cassée… Dans les 2 cas c’est la merde totale. Les solutions :
– changer quand même la roue en ouvrant un tuyau et le colmatant. Problème : ça va être le bordel à faire et surtout je ne me vois pas continuer à naviguer avec une vanne cassée à moitié ouverte ou fermée.
– ne rien faire et essayer de naviguer ainsi… No comment
– démonter la vanne et la changer moi même. Trop risqué.
– faire appel à un mécano par le port. Je décide cette solution plus raisonnable. Problème ça va me coûter une blinde qui va fortement grever le budget (car difficile de changer une vanne à l’eau, il va devoir peut falloir mettre le bateau à sec. Et la mise à sec n’est possible que de l’autre côté de la baie à environ 30mn de bateau, problème je ne peux pas lancer le moteur, il est donc possible que l’on doive le tracter… Bref merdier total). Mais ai je le choix ? Je suis un peu abattu. Mais nous décidons le soir d’aller boire 2 verres de ouzo dans un endroit secret et romantique de Preveza dans une petite ruelle de tonnelles de jasmin et de lampions. Ma Doriane a toujours les mots pour rendre une situation compliquée abordable. Preuve que je progresse avec elle, en temps normal, j’aurais été énervé, abattu. Là, finalement ce n’est pas le cas. Passée la légitime angoisse j’ai vite repris du poil de la bête. On verra demain avec le port si ils ont trouvé un chantier pouvant intervenir. Pendant ce temps nous nourrissons de sardines grillées une jolie jeune chatte toute maigre avec le même regard que Solenzu en Corse…
Bon à savoir :
La moderne marina de Préveza est parfaite. Proche du centre, avec toutes les commodités à proximité (chantier, shipchandler). Pas donné, 35 € de mémoire + 10 € pour l’eau et l’électricité.
Avec un peu de chance on peut voir des tortues dans le port.
Effectivement des endroits magnifiques certainement qui se méritent pas accessible pour le commun des mortels comme vous en faites l’expérience…
Mais un si long voyage avec un bateau comme babar qui somme toute donne le maximun de son potentiel ne se passe pas sans quelques problèmes qui sont tout de même bien maitrisés par le « Commandant » et son équipage.
Sempre en davant soyez heureux profitez au maximun de cette belle parenthése que vous offre la vie. Gros bisous a nos aventuriers
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