Ouf c’est reparti !!!

Samedi 29 août 2020

La veille, un mécano mandaté par la Capitainerie est venu sur Babar poser son diagnostic. Ok la valve d’arrivée d’eau de refroidissement du moteur est bloquée mais en position ouverte. Il n’y a donc pas de problème pour continuer à naviguer. Il m’a montré quoi faire pour bloquer l’eau dans les durites si jamais je dois changer la pompe à eau à nouveau. L’enthousiasme revient à bord. Du coup je lui ai aussi demandé de changer tous les filtres. 150€ payé en cash sans rien dire à la Capitainerie ou plutôt en donnant un petit mensonge. Ainsi il n’a pas à payer le tribut et je suis aussi gagnant de quelques euros… Un peu de magouille ne fait jamais de mal.

Nous partons donc le cœur léger vers de nouvelles aventures. Aujourd’hui nous devons passer le canal de Lefkas pour rejoindre le sud des îles ioniennes et en particulier l’île de Maganisis.

Après avoir dit adieu à ce très charmant endroit de Preveza nous embouquons le canal balisé pour sortir de la baie en direction de la mer. Le moteur est à 2000 tours face au vent et nous avançons quand même péniblement. Une fois les dernières bouées du canal doublées on envoie les voiles et cap au sud. Nous devons arriver d’ici 2h max devant le pont tournant signifiant l’entrée du canal de Lefkas. Je regarde les instructions nautiques ainsi que des avis sur Internet et je ne constate que des avis contradictoires. Certains disent que le pont ouvre toutes les heures, les autres toutes les 2h et d’autres encore à certaines heures… Bref, je demande à Doriane de contacter la Marina de Lefkas. Nous apprenons ainsi que notre problème ne va pas être l’heure d’ouverture du pont mais le fait que le canal rencontre une avarie indéterminée et est fermé jusqu’à nouvel ordre… Alors que nous ne sommes qu’à 1 mille de Lefkas et le vent soutenu par le travers. Que faisons nous ? Demi tour vers Preveza, hors de question, aller à la Marina de Lefkas, et si le problème dure plusieurs jours on va rester bloqués dans une marina à la mauvaise réputation, faire le tour de l’île, c’est une navigation de plus de 30 milles alors qu’il est déjà 14h… Nous prenons néanmoins cette option, on en a vu d’autres, et arriver de nuit dans un mouillage ne nous pose pas de problème si celui ci est bien choisi. Ce sera la baie d’Appolonoi, profond et large avec du sable comme fond. Et c’est parti pour une longue série de virements de bord face à un vent qui est passé plus sud ouest que nord ouest prévu. Cette navigation nous permet ainsi d’apprécier les hautes falaises blanches de la grande île de Lefkas.

Nous sommes à mi parcours de l’île, et voilà que le vent s’éteint d’un coup… J’enrage un peu alors que nous naviguions jusqu’alors par bonne brise à tirer des bord. Je me résous à brancher le moteur. Il fait chaud, on s’emmerde… On joue au Scrabble à l’intérieur. Alors que nous arrivons au cap sud ouest de l’île, le paysage devient remarquable avec au loin une multitude d’îles qui se dessinent et notamment Ithaque ! Voir cette île fameuse me remue un peu le ventre. J’ai l’impression d’arriver au bout d’une quête. L’île d’Ulysse, île d’enfance, source de rêves d’aventures est là, à portée de voile. Être arrivé jusque là par mon propre bateau en utilisant à 80% la voile comme moyen de propulsion, me remplit de fierté et de joie d’enfant. Mais nous n’y sommes pas encore. Le vent se met à forcir un peu et, alors que nous doublons le cap pour entrer dans la longue baie d’Appolonoi, des rafales sorties d’on ne sait où, dévalent la montagne et s’abattent sur nous de toute leur force. On reçoit du 25 noeuds au travers alors que la nuit est installée, que j’aperçois des feux de routes d’autres bateaux. Pas évident à gérer mais nous finissons par arriver au fond de la baie. Sur la zone de mouillage le vent s’est comme évaporé d’un coup. Nous allons pouvoir profiter d’une soirée paisible et d’une nuit réparatrice.

Bon à savoir :
La baie d’Appolonoi est parfaite pour mouiller, avec des fonds de sable peu profonds. Mais attention aux violentes
rafales du nord qui descendent des montagnes.

Dimanche 30 août 2020

Le réveil est à l’image du lieu, paisible et doux. Quelques petits catas de sport sillonnent déjà la baie laissant augurer d’un vent déjà présent, au loin, dans le hameau des signes de vie matinale se font entendre, la mer scintille et m’appelle. Après une baignade revigorante nous relevons l’ancre direction une crique distante de moins de 10 miles : Sivota, toujours sur l’île de Lefkas.

Pour sortir de la baie nous devons zigzaguer un moment en tirant des bords au milieu des catas de sport. Le vent est léger. Tout d’un coup, près de la rive ouest, au pied des montagnes, je vois des risées fortes sur l’eau, signe qu’un vent assez puissant commence son office et arrive droit vers nous. Heureusement celui ci nous cueille comme des figues mûres à la sortie de la baie. Et c’est reparti pour une séance de rodéo avec 20 noeuds de vent. Je me retrouve vent arrière sous grand voile seule à 6 noeuds. À ce rythme nous arrivons en mode express devant l’entrée du mouillage.

L’entrée de la baie est surprenante car elle est invisible depuis la mer et nous devons nous présenter au plus de la côte pour en voir l’entrée. Celle ci est étroite et forme un bras de mer dans lequel on doit s’engager. La baie est très jolie, entourée de verdures et de petites maisons qui se blotissent au fond derrière les traditionnelles tavernas. Nous allons justement nous ammarrer au ponton de l’une d’elle où nous attend la réservation d’une table pour le soir. Une fois installés, nous allons nous détendre avec un rafraîchissement dans un bar en bord d’eau.

Le soir arrive et en nous baladant sur le quai nous croisons deux couples de joyeux retraités parlant français dont l’un anime une chaîne YouTube que je suis depuis le confinement. Je les reconnais et nous allons partager un apéro. Une belle rencontre qui nous fait concevoir la retraite avec optimisme. Ils ont 72 ans, frais comme des gardons et naviguent ainsi depuis 6 ans alors qu’ils n’avaient jusqu’alors que des expériences de navigation sur Arcachon. Comme quoi la mer ça conserve ! Après avoir discuté de mer et de bateaux pendant 2 heures nous allons dîner. Petite précision, ici, souvent, les Tavernas ont leur propre ponton avec tout le service d’une marina (eau, électricité, douche, aide à l’amarage…). L’emplacement est gratuit, la contre partie est d’aller dîner au resto, pour 2 on a mangé comme des princes, entrées, poissons, vin pour 40 €. Certains devraient en prendre de la graine dans notre méditerranée occidentale vérolé par l’obsession du business et d’un retour sur investissement à peu de frais…