Lundi 28 septembre 2020
La nuit a été courte avec des difficultés à dormir correctement. Ce n’est pas la faute à la houle, inexistante pour une fois, mais bel et bien l’imminence de la fin de notre si beau voyage. Nous partons à 8h pile pour rejoindre le chantier au nord de l’île de Egina. Une navigation de 23 milles avec une météo orageuse et donc certainement des vents tournants et incertains. Il vaut mieux partir tôt même si nous n’avons rendez vous qu’à 16h devant la darse. Mon instinct me dit que la dernière navigation s’annonce complexe.
Le cap direct nous est interdit et c’est en tirant des bords que nous essayons péniblement de sortir de cette baie encaissée. Le paysage n’est pas des plus enchanteurs car nous zigzaguons entre de nombreux pétroliers au mouillage.

Pour l’instant le vent est bon et modéré avec mer plate. Il est bon, mais il est très casse bonbons… Il ne cesse de tourner et, pendant 3h, nous n’arrivons pas à sortir. Un coup il nous envoie sous un cap, puis nous renvoie d’où on vient, un autre coup on croit qu’on va passer et puis il nous renvoie vers ce satané cap. On devient fous. Et puis, au bout d’un moment de ce petit jeu, Poseidon finit par se lasser de nous et nous donne une fenêtre avec un cap plus ou moins direct.
Mais je ne me doutais pas que Poseidon n’avait finalement pas fini de jouer. Des rafales puissantes commencent à nous frapper alors qu’il reste encore plusieurs heures de route. Nous recevons du 25 noeuds au près serré par une mer chaotique.


Doriane est en bas avec Solenzu blotti dans son coin et chahutés dans tous les sens. Moi je suis en haut tantôt à la barre tantôt sous pilote. J’ai pris un ris il y a déjà un moment mais je devrais réduire encore pour être plus confort et faire moins souffrir le bateau. Mais tant pis, c’est trop la pagaille pour aller jouer au pied du mat. Je maintiens une allure au plus près du vent pour éviter une gîte trop forte. Tout d’un coup le sac à génois à l’avant est en train de passer à l’eau ayant rompu ses attaches. Je dois y aller ! Je m’attache et fonce à l’étrave sous les paquets de mer pour remettre le sac sur le pont. Rempli d’eau, il pèse lourd et l’opération est pénible. Mais j’y arrive et peux retourner trempé dans le cockpit. J’avoue que, au fond de moi, j’aime bien la baston…
Au large de l’île d’Egine, le vent et la mer se calment enfin. Je peux faire route directe vers le chantier qui nous attend finalement plus tôt que prévu. A 2 milles, le vent se remet à souffler fort et je crains une arrivée dans la darse inconnue. Finalement l’opération se passe bien et nous arrivons à bien nous positionner dans l’axe où nous attendent 2 gars du chantier. Je fais entrer en douceur Babar dans la darse étroite. Ça y est c’est bientôt la fin… Le moment est rempli d’émotion pour nous deux. Je reste sur le bateau pour le levage pendant que Doriane est à terre pour suivre les opérations. Le bateau est soulevé et transporté comme si on l’emmenait à une table d’opération. Nous sommes tristes mais heureux et fiers de ce beau voyage. Voir notre maison, notre refuge, soulevé ainsi et placé sur des rondins en bois, est un moment délicat. L’impression n’aurait pas été la même si je l’avais laissé dans un port. Là j’ai comme la sensation de l’abandonner, lui qui nous a tant donné, qui nous a protégé, qui nous a permis de vivre une aventure unique. Il va rester ici, dans un pays inconnu et lointain, au milieu d’un champs mais, heureusement, face à la mer… Au revoir mon vieil ami, je reviendrai te chevaucher et te rendre ta liberté.


Que d’émotions pour nous aussi cette ODYSSEE
Poséidon et éole vous en ont donné du fil a retordre dans ces mers certes inconnues mais que vous avez bien maitrisées.
Et que dire de BABAR c’est plus qu’un bateau un compagnon de route protecteur courageux dans les épreuves, qui vous a tant donné…
Je lui avait demandé au départ de Canet de vous mener a bon port il a tenu sa parole.
Et le mot de la fin sera pour BABAR BRAVO
Et si l’on peut on viendra te voir dans ce pays qui nous en sommes sûr te protégera.
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