Adieu mon Solenzu

Mercredi 4 novembre 2020

Avez-vous remarqué comme, quand on perd un être cher, les événements d’avant lui semblent évanescents,
comme inexistants ? Solenzu, mon chat marin, a été un scintillement de soleil sur la mer, une étoile filante, un ange qui s’est penché sur mon destin, jusqu’à rendre l’avant lui opaque, enveloppé d’une lueur pâle.
Car mon chat marin Corse s’en est allé. Ce n’était pas un chat comme les autres, sa destinée n’était pas de ronronner sur un canapé à m’attendre tous les soirs pour remplir sa gamelle et retourner zapper devant la TV. Non, c’était un être parfaitement adapté à l’aventure et à une vie singulière en symbiose avec moi. Parfois comique, parfois mélancolique, toujours étonnant
et iconoclaste mais surtout heureux tant que nous étions ensemble. Pour notre couple, il en était un catalyseur, un prisme, qui a permis d’apaiser et relativiser des crises, a cristallisé des moments uniques – comment oublier ce moment, au large du Stromboli, à partager nous trois sur le pont avant la vision du volcan au large et des dauphins sautant à l’étrave après une traversée pénible. Rien que de penser à ce moment, je ne peux retenir un sanglot, un étranglement. D’ailleurs, d’où vient cette douleur de la perte d’un être cher qui semble absente chez nos amis les animaux ? eux restent dignes et résignés devant la mort, à l’inverse de nous autres, les humains.

J’avais fait un pacte avec lui dès que je l’avais adopté. Ce contrat moral était clair. Je connais ta maladie latente, le jour où elle se déclarera, je te promets de ne pas faire d’acharnement inutile, je ferai tout pour que la fin de ta vie soit aussi belle et douce que les moments que nous allons passer ensemble. Il n’aura fallu que 10 jours à terre, de retour de Grèce, sur Perpignan, pour que les premiers symptômes se déclarent. Est-ce que tu n’as pas supporté le changement de vie brutal ? est ce que la maladie était déjà là, à faire son sinistre travail en silence ? je ne le saurai jamais. Puis 2 semaines de traitement d’espérance. Jusqu’à ce jour de mardi 3 novembre à 17h45, où, ton état s’aggravant, je pris la décision d’arrêter cette trop belle histoire. Car ce qui est beau est éphémère dans notre monde, le laid reste et dure, la mort est laide, elle
s’accorde avec la laideur pour la préserver. Elle prend rapidement ce qui est beau et ne laisse que tristesse et ciel gris. Le ciel était gris en ce jour où je pris ta petite tête dans ma main pendant que le repos t’emportait doucement. Ça y est, c’est fini, tu t’en es allé. Non pas au paradis, ni des chats, ni celui des hommes, car il n’y a rien. Le paradis c’est toi qui l’a créé sur terre, dans ma vie, dans notre vie et dans celle de beaucoup d’autres personnes qui auront eu la chance de
croiser ton regard doux. Tu t’en es allé dans les recoins de mes souvenirs, bien au chaud, blotti et tu y seras bien tant que je vivrai.
Ton regard brillant et expressif va me manquer mon Solenzu, je me souviens quand tu montais sur la bôme de Babar, fier à observer le monde et la mer avec un sentiment de contrôle et de supériorité propre aux vrais marins et aux aventuriers, je me
souviens aussi de tes miaulements et ton empressement à me voir remonter sur le bateau lorsque je me baignais. Tant de choses de toi vont me manquer. Tu seras à jamais mon lieutenant, mon matelot, mon frère d’âme.

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