Si loin…

Mercredi 17 février 2021

Comme il est loin mon bateau. Je n’ai jamais été aussi éloigné de la mer et de mon fidèle Babar (ni le précédent d’ailleurs). La faute évidemment aux restrictions réductrices de libertés du Covid mais aussi de mon choix de le laisser hiverner en Grèce, seul sur terre face à la mer du Golfe Saronique.

J’ai encore du mal à me rappeler tous ces moments passés à son bord durant notre odyssée, tous les trois, ma Doriane, mon brave Solenzu et moi même. Une onde de mélancolie me submerge alors, avec toujours cette impression que tout ceci n’était qu’un rêve, une parenthèse imaginée, loin de toute réalité. Il faut dire que le retour a été plus que mouvementé.

Le pire, la perte de mon Solenzu, dont je ne me remettrai jamais, mais aussi le retour dans une société meurtrie, blessée, chaotique, pleine d’incertitudes, de conflits, de divisions. Dans ce contexte j’ai eu quand même la chance de retrouver rapidement un boulot et surtout de continuer à partager ma vie avec ma compagne d’aventures nautiques et amoureuses. Malgré cela, tout n’est qu’incertitudes, pris dans une tourmente inextricable où l’horizon n’est plus accessible. Moi qui ai toujours voulu avoir un coup d’avance, d’aller au-delà de la ligne du ciel et de la mer, je suis assigné à rester sagement au port, immobile. Le monde tourne désormais autour de moi dans une danse folle alors que tourner sur et autour de lui était jusqu’alors mon dessein. Je dois me résigner. Que le monde d’avant est loin, comment pouvions nous nous plaindre alors que nous avions tout, à savoir la liberté, sans laquelle la nourriture aussi diverse et abondante soit elle a le goût du carton et le vin aussi puissant soit il n’enivre plus ?!

L’époque est dure, la poésie et l’insouciance des beaux jours ont disparu. Enlacer les gens que l’on aime, aller boire un verre au bistrot, parler et rigoler fort sont proscrits. J’espère que dans le monde d’après nous n’aurons pas conservé ces mauvaises habitudes de l’interdit de la chaleur humaine. J’ai une crainte quand je vois ces hordes d’asiatiques qui courent dans les rues le masque au nez depuis bien plus longtemps que nous. Est ce que notre mode de vie latin va survivre ? Je l’espère, en tout cas moi j’en serai le conservateur contre vents et marées !

En attendant soyons forts mes frères !

Une réflexion sur “Si loin…

  1. Magnifique que c’est agréable de retrouver ton écriture ta manière si juste et profonde de raconter tes émotions et ton témoignage sur cette période si dure et si incertaine.
    Cette émotion que tu sait si bien faire partager me touche particulièrement
    Effectivement soyons forts et pleins d’éspérance car l’homme depuis la nuit des temps a fait preuve d’ingéniosité et de courage.
    a bientôt de te lire dans tes prochaines aventures
    Sylvie

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