Mardi 12 octobre
Le lever de soleil est magique avec la mer scintillante sous le vent de l’île d’Egina distante de quelques milles. Je reste un moment avec mon mug de thé à contempler le spectacle.
Nous décidons de partir à la découverte de cette île enchantée en louant des vélos, non sans avoir pris le rituélique café au bistrot du port.
Avec nos deux vélos rouillés nous quittons péniblement le hameau pour rejoindre le principal à quelques kilomètres. La période et le temps ne se prêtent plus au tourisme et nombre d’habitations sont fermées. La solitude est totale et nous traversons des souvenirs d’été, des tables de tavernes remisées, des parasols fermés, des transats empilés. J’aime cette poésie d’un monde éteint. Mais visiblement le vélo n’est pas le mode de transport le mieux adapté à cette île et nous décidons de le troquer contre un petit scooter plus aisé pour parcourir les routes sinueuses de l’île.

Nous parcourons ainsi la côte nord de l’île parmi une végétation dense et odorante de la forêt de pins. C’est une essence finalement assez rare ici où l’olivier et le cyprès règnent en maîtres. La route nous conduit au bout du monde, sur la pointe nord ouest de l’île, dans un mini port et une lagune. Le vent est un peu frais mais je ne résiste pas à m’immerger dans l’eau rendue turquoise par le fond de sable blanc.
La fin de journée approche et nous devons retourner au bateau en quête d’un endroit pour bénéficier d’une douche chaude. Hélas, tout est fermé. Pour moi ce sera douche froide sur le pont sous le vent qui fraichit de plus en plus. Pour Doriane, douche sèche à l’intérieur ! Pour le dîner c’est pasta au thon.
Mercredi 15 octobre
La nuit fut douce et le matin tout autant. Nous appareillons doucement sur une mer miroir. L’objectif du jour est de rallier le port d’Egina où Gregory le patron de mon chantier nous a réservé une place dans le port pour nous protéger d’un orage violent qui se profile. Encore une depression à 1001 Hp qui arrive de la Sicile et qui s’est fortement renforcée en chemin. Nous devrions être touchés dès le jeudi mais de façon plus atténuée que la côte sud du Péloponnèse qui va prendre cher.
La navigation commence au moteur mais le vent venant du sud arrive assez rapidement à partir de la côte nord ouest de l’île que j’ai choisi de contourner pour profiter au maximum de cette dernière belle journée. En effet, rallier Egina ne nous aurait pris que 1h en route directe ce qui aurait été dommage au vu de la belle journée qui se presente. Nous croisons face à la presqu’île de Methana qui fait penser aux Marquises et devons tirer de nombreux bord pour nous extirper du chenal. Le vent est de quinze à dix huits noeuds et nous filons bon train. Tout le long de cette belle navigation, nous pouvons apprécier les côtes sauvages du début du Péloponnèse et de petites îles du golfe. C’est incroyable de voir une nature aussi préservée si proche d’Athènes.

Le vent forcit encore et nous arrivons vers 14h30, après de nombreux virements de bord dans la crique protégée de Perdika au sud ouest d’Egina. Je mouille l’ancre dans une eau transparente sur du sable blanc par 5 mètres de fond. Le vent a disparu, protégés que nous sommes de hautes collines. Ni une ni deux je plonge et me baigne dans ces eaux merveilleuses.

16h, il est temps de partir, après un encas préparé par Doriane. Gregory nous attend pour 17h à notre place et il n’est pas question de le faire attendre. Nous arrivons pile à l’heure prévue grâce à un bon vent arrière qui nous fait dérouler cette belle côte ouest de l’île, ourlée de petites plages. Nous entrons dans la petite Marina privée, qui n’est pas autorisée aux navires de passage mais nous avons notre sauf conduit, Greg le grec qui nous a réservé une place à côté de son bateau moteur. Le ponton est un peu branlant mais tout semble sécurisé. Nous sommes heureux d’être de retour sur notre île d’Egina, réservoir de tant de souvenirs désormais. Nous allons maintenant prendre l’apéritif dans un bistrot italien puis dîner dans la taverne de la halle aux poissons.