Cet été grec est tout sauf ordinaire. Initialement, j’avais prévu quatre semaines et demi de navigation dans les Sporades du nord. Il n’en a été rien du tout. Tout d’abord la croisière n’a duré que dix jours et plutôt dans le sud, vers le Péloponnèse et le golfe Argolique. Pour quelles raisons ? Tout d’abord, météorologiques. Le Meltem ayant commencé à prendre ses quartiers d’été, il était impossible de monter vers le nord. Cap donc au sud.
Ok, ça c’est pour une raison météo que les navigateurs habitués à la Grèce comprendront aisément. Mais pourquoi dix jours et pas quatre semaines ? Doriane devait me rejoindre mais elle a chopé cette saloperie de Covid, j’ai donc remis le bateau à sec pour la rejoindre en France. Mais aussi car, dans son état (nous y reviendrons plus tard…), hors de question de la laisser toute seule face à cette saloperie.
Je vais quand même décrire ces quelques jours de navigation qui m’ont confirmé, si cela était encore nécessaire, que la Grèce est le meilleur bassin de navigation que je connaisse.
Retour donc au jeudi 30 juin et le départ de la marina Zea à Athènes où j’ai laissé mon Babar un mois auparavant.
Je ne suis pas seul et c’est accompagné de mon fidèle pote de mer et de vin, Pierro, que nous mettons cap au sud est de la côte d’Attique sous Meltem déjà soutenu. Après la ville grouillante, comment décrire la belle solitude de se retrouver en mer ? J’aurais beau naviguer mille fois que jaurai toujours cette émotion. Et pourtant Meltem ne nous préserve pas avec trente nœuds. Après quelques heures nous voici au mouillage, balayés par le vent. C’est sous le vent de cette côte désertique que nous trinquons au champagne à l’arrivée prochaine de mon futur matelot !



Dès le lendemain nous levons l’ancre. Difficilement car le vent est soutenu. Nous mettons ensuite le cap au sud direction le golfe Argolique. Les trente nœuds toujours musclés nous propulsent à belle vitesse. Après plus de cinquante milles de mer, nous voici à croiser au sud de l’île d’Hydra. L’île est magnifique, haute, désertique, impressionnante. Tout respire l’antique, le sauvage et la solitude. Comment pourrais je quitter ce pays ? Pourtant il va bien falloir changer mes plans, mais nous y reviendrons plus tard. Nous embouquons un chenal au sud ouest mais le vent, par effet venturi, s’accélère encore et nous vient de face. J’ai en tête de mouiller dans une petite anse située sur l’île de Dokos. Hélas, une fois sur zone, c’est complet. Chose rare en Grèce, mais il faut dire que cette île dispose de peu de mouillage abrité et surtout avec beaucoup de profondeur rendant ceux ci difficiles. Il se fait tard, où allons nous passer la nuit ? Je regarde la carte et je repère un endroit sur la côte à moins de dix mille de nous. Nous arrivons par nuit tombante sur un lieu sans charme et une usine abandonnée.