Mardi 5 juillet 2022
Nous avons quitté l’île un peu en catastrophe. Durant le petit déjeuner, le vent s’est mis à changer de direction et à souffler plus fort. Les fonds descendent vite dans cette anse, et on se retrouve avec onze mètres sous la quille et, ce qui devait arriver, arriva. L’angle entre la chaine et l’ancre, du fait de la profondeur, s’ouvre, permettant à l’ancre de se dégager progressivement de son accroche. Et on se met à dériver. Vite, en catastrophe, voyant la falaise se rapprocher, je remonte le tout à bord et branche le moteur pour quitter cet endroit qui, aussi idyllique soit-il, est un piège.
Une fois sortis de l’île, nous constatons que le vent souffle fort et c’est sous grand voile haute seule que nous faisons route par grand largue en direction de notre point de départ de la veille. Le vent est, comme toujours, de la partie et nous repartons dans l’autre sens direction Spetses à plus de sept nœuds.
Nous passons ensuite la nuit dans une des petites anses du chenal de Port Helli avec de la végétation rabougris à même l’eau de mer, faisant penser à de la mangrove.
Le lendemain, nous décidons de mettre le cap sur le Péloponèse. Le vent nous pousse allégrement jusqu’à destination en un temps record. Il n’y a personne, pas de bateau, rien. Les hautes montagnes du Péloponese se découpent devant nous comme des titans menaçants de nous écraser comme des noix. La végétation est luxuriante et contraste avec les paysages rencontrés jusqu’alors. C’est la preuve que l’endroit est pluvieux en dehors de l’été, les nuages s’accrochant aux sommets. Nous mouillons l’ancre devant une petite chapelle dans une eau vert émeraude.
https://goo.gl/maps/MtCF5wMKEa9XALuF6



J’ai décidé de mettre l’ancre lourde car je crains, pour la nuit, des vents catabatiques qui pourraient dévaler les montagnes alentours. Tout à coup, un pêcheur vient à notre rencontre. Enthousiaste, je pense qu’il va nous proposer de lui acheter du poisson. Espoir déçu, c’est pour nous prévenir qu’il a installé des filets de pêche depuis la chapelle jusqu’à 500 mètres en mer. L’échange a été difficile car il ne parlait pas bien anglais (nous non plus d’ailleurs) et nous pas un mot de grec si ce n’est quelques formules touristiques de politesse. Mais l’essentiel était de se comprendre par le geste.
La nuit, empreinte de solitude, est délicieuse et nous parlons longtemps sous les étoiles.