Mercredi 6 juillet 2022
Le départ de Pierro commence à se préciser. Et nous devons retourner à Porto Helli, à la marina cette fois, car il doit prendre le ferry le lendemain en direction d’Athènes. Le vent, qui nous porte rapidement au large de Spetses, nous rend un peu fou dans ses parages, autour du rocher situé à l’ouest https://goo.gl/maps/HJv5chPqhqE9Kj5YA. Dans ce secteur, il tourne dans tous les sens, s’éteint, redémarre et joue avec nos nerfs, nous obligeant sans cesse à manœuvrer, car je m’entête à ne pas brancher le moteur. Finalement nous arrivons petit à petit à Porto Helli. L’accueil de la Marina est exceptionnel, je n’ai pas souvenir d’une telle qualité depuis longtemps. Moderne, très bien équipée, avec un personnel d’une grande gentillesse, ne sachant quoi faire pour nous rendre le séjour agréable. Elle est également très bien située, au pied d’un supermarché bien achalandé. Je profite de cette escale pour retourner voir ma Maman chat avec ses petits. Je vais rester ici quelques jours pour laisser passer des orages, rares à cette saison. En attendant, nous passons la dernière nuit avec Pierro que je vais accompagner à son ferry le lendemain, avec toujours cette petite mélancolie de la fin de quelque chose.


Je retourne ainsi à ma solitude.
Bloqué ici deux ou trois jours, j’en profite pour aller visiter la vieille ville de l’île de Spetses en ferry.
L’endroit est très joli, de style vénitien mais gâché par un trafic incessant de voitures et de scooters et d’une foule dont j’avais oublié l’existence depuis plusieurs jours. Sympa, sans plus.









Je dois maintenant commencer à réfléchir à la suite et à l’accueil de ma Doriane qui doit me rejoindre dans quelques jours. La situation est inédite car, dans son état (vous l’aurez compris, elle est enceinte !), il n’est pas question de courir les Cyclades sous Meltem en mode supersonique, j’ai étudié un plan plus soft : la récupérer sur Athènes ou Egine selon la météo, et faire des petites navigations protégées quitte parfois à s’arrêter dans un port et louer un appartement quelques jours. Au lieu de grenouiller ici et me retrouver piégé par la météo en m’empêchant de retourner vers le nord en direction du golfe Saronique, je décide de partir direct et rallier l’île de Poros. Le vent va être compliqué à gérer car le Meltem balaye les Cyclades et son influence se fait sentir sur le continent, pile sur mon trajet.
Je quitte avec une certaine nostalgie cet endroit sympathique mais toujours enthousiaste à retrouver la mer libre. Une fois l’île de Spetses dépassée par l’est, le vent se renforce sérieusement m’obligeant à gréer ma trinquette. Venant du nord, il m’oblige à tirer des bords régulièrement et je dois ainsi prendre la passe entre l’île de Dokos et le continent dans des manœuvres incessantes. Etabli à 23 nœuds, le vent rend la navigation passionnante mais musclée. Entre Hydra et le continent, je rencontre des conditions difficiles avec un phénomène météo déconcertant, le vent venant du nord, je tire des bords en permanence, allant vers le continent, puis virant et repartant vers l’île. Mais, une fois au milieu du chenal, le vent se met à chaque fois à tourner et à refuser, m’obligeant chaque fois à faire cap non pas vers le nord-est (ce qui m’aurait permis de continuer à remonter le vent progressivement), mais plutôt vers le sud-est (ce qui me fait perdre une grande partie du bénéfice).
Je ne compte plus les manœuvres épuisantes, d’autant que le vent reste très soutenu.






Finalement, au bout de plusieurs heures à ce régime épuisant, j’arrive à passer le cap Skyli, porte d’entrée du Golfe Saronique puis à mettre le cap vers mon mouillage du soir au sud de Poros. Il fait déjà presque nuit mais j’arrive à trouver une zone de sable clair sur le mouillage. Hélas, la nuit risque d’être inconfortable car une petite houle me balance allégrement.