Jeudi 5 octobre 2022
Je suis arrivé dans la nuit sur Athènes, après le stress habituel des transports, de la foule, propre à notre monde moderne, où plutôt devrais je dire post moderne car nous sommes actuellement si prompts à vouloir détruire tout ce qui a fait notre civilisation. Enfin ce n’est pas le sujet, me voici à nouveau dans ce pays que j’aime tant, où je suis étranger mais avec lequel je ressens une grande familiarité, presque une fraternité. Il est huit heure trente, heure locale, et je prends mon petit déjeuner au cœur de la vie grecque, près des étals de poissons du Pirée, en vue des ferrys qui vont, une fois de plus, m’emmener dans quelques heures vers les retrouvailles de Babar sur l’île d’Egine. Ça pue, ça gueule, j’adore.

Oui la Bretagne, c’est magnifique, l’air y est si bon, mais je reste à jamais attaché à ma Méditerranée, à ses cultures, à ses beautés, à ses paradoxes. Tout y est complexe, parfois pénible mais c’est chez moi, entièrement, profondément et j’y reviendrai sans cesse, malgré le changement climatique et même si je vais voguer vers d’autres rivages.
Il est temps de prendre le ferry. Ce n’est évidemment pas un mode de transport à la mode, polluant à souhait, mais que les donneurs de leçons m’expliquent comment on fait ? D’ailleurs, est ce qu’il y a des recherches en cours pour remplacer la propulsion de ces grosses machines pour desservir les îles, pour la plupart dépendantes du continent ? Bref, malgré tout j’aime ces bateaux, imposants et qui fendent la mer par tout temps. J’aime aussi les projections que je leur prête, quitter le port pollué, bruyant et crasseux du Pirée pour aller vers des endroits calmes où la beauté de la Méditerranée est encore à sa libre expression. J’aime ce décalage.

Nous quittons doucement le port, cap sur Egine et Babar qui dort depuis cet été. Je suis seul, je n’aime pas ça. Je suis loin de ma compagne et de son ventre tout rond qui n’a pas pu m’accompagner. Je culpabilise aussi. Mais je ne serais pas honnête envers moi même et les autres si j’abandonnais ma passion. Je sais que dans trois mois, ma raison d’être ne sera plus la mer, mais je souhaite conserver la passion. La raison d’être est la version extrême de la passion. Je n’aurai qu’à recentrer ma raison d’être pour mon enfant et ma Dodo et conserver la passion pour la mer, et surtout, la partager ! Car on ne partage pas une raison d’être. Ce changement est une chance et je veux la saisir !
Accoudé au bastinguage, je regarde la mer scintiller au large et l’île d’Egine s’approcher. Le soleil chauffe mon visage mais le vent apaise sa morsure, je suis dans l’instant, serein.
Arrivé sur cette île devenue si familière, je vais chercher un scooter pour rejoindre le chantier naval. Il est là, imperturbable face au Meltem qui fait des heures sup malgré la saison tardive. Un bateau immobile c’est un peu un morceau d’aventures, grandes ou petites, incarné en un seul objet. On lui confie nos espérances, nos rêves, nos souvenirs et, le jour venu, on transmet cet objet particulier à un autre pour qu’il lui confie les siens à son tour.
Il va me falloir maintenant préparer un peu le départ pour ma petite croisière d’automne dans ce si beau pays. Où vais je aller ? On s’en fout, on y va !
Kalimera ! Nous allons à Kilada le 18 pour la vente de KaïtoS .
Bon vent mais pas trop…
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