Glisser… toujours

Lundi 10 octobre 2022

J’ai très mal dormi. Je dois retrouver mes marques au mouillage et l’endroit est joli, mais les fonds ne m’inspirent pas confiance. Je décide de lever l’ancre de suite après le petit déjeuner. Et comme je m’y attendais, je ressens de la résistance dans la chaîne. Après un effort, j’arrive à l’extirper de sa gangue de boue épaisse et noire et… un énorme sac de plastique… c’est désespérant. Je dois me tenir à mon précepte de mouillage : jamais sur de l’herbier de posidonie et jamais quand je ne vois pas où je pose l’ancre.

Ciao Epidaure

Cap au large maintenant où m’attend la pétole totale. Du moins pendant environ quarante cinq minutes où je laisse Babar dériver où il le souhaite, c’est à dire nulle part ! Le vent arrive tout doucement, par étape, jusqu’à s’établir à environ sept où huit nœuds. C’est suffisant pour faire glisser mon fidèle Babar à quatre nœuds. Comme d’habitude, en empruntant le chenal entre l’île d’Agistri et Méthania, par effet venturi et avec les perturbations des hautes collines, le vent forcit par à coup et part dans tous les sens. Je tire bord sur bord, et arrive progressivement à m’en sortir. C’est un vrai échantillon de la navigation en Grèce, il faut prendre en compte la météo globale mais aussi savoir lire les reliefs et les effets locaux, parfois en décalage total avec ce que l’on a prévu. C’est le charme d’Ulysse !

Je longe maintenant l’île d’Egine dans le but de revenir à Agistri car, un vent de nord ouest est censé se lever dans la nuit m’interdisant un mouillage que j’avais prévu au sud de l’île. Certes le vent n’était pas prévu fort mais il suffit d’avoir un force trois pour rendre la nuit rouleuse dans une baie ouverte à cette direction. J’ai donc décidé de revenir à ce port paisible que j’apprécie tant. Mais pour y arriver je dois, là encore, tirer des bords dans un vent affaibli. La soirée au port va commencer au bistrot et se finir à la taverne entouré de chatons affamés que je nourris de mes restes de porc. Un d’entre eux, pas farouche s’entête à vouloir monter sur mes genoux. Je répense à mon Solenzu.

Mardi 11 octobre

Je me lève tôt aujourd’hui pour assister à un joli lever de soleil qui a néanmoins du mal à percer la couche nuageuse, absente ces derniers jours mais qui a l’air de vouloir s’installer. Je vais prendre mon petit café rituelique au bistro du baba cool et je largue les amarres vers douze heures trente.

Cap sur le golfe de Poros situé au sud. Très vite j’établis les voiles et éteins le moteur. Je ne me lasse pas de cette belle sensation d’une glisse parfaite sur mer plate à près de cinq nœuds au près serré. Je me sens en totale harmonie avec les éléments.

D’une certaine manière je pense que c’est ce que ressentent aussi les surfeurs. On dit d’ailleurs que ce sport est très additif une fois que l’on maîtrise la technique. Tout comme la voile ! Car oui je suis totalement accro, intoxiqué à la mer et au fait de me déplacer à la seule force du vent. Je pourrais rester des jours infinis à avancer ainsi. Je sens que le monde n’a aucune prise sur moi, que je pourrais aller sur la route du vent sans jamais connaître la finitude des choses, en maîtrisant le temps et ses effets pervers, et être immortel. Hélas il vient un moment où tout s’arrête et la magie n’opère plus, c’est le moment de l’arrivée. Le sentiment change à ce moment là, tout devient plus prosaïque… observer le plan d’eau du mouillage ou du port, calculer et anticiper la direction et la force du vent, anticiper les mouvements des autres bateaux à l’ancre etc. On atterrit.

Mais avant d’en arriver là, je me régale de cette belle navigation à tenir mes distances avec les autres voilier et en les dépassant aussi. Dans les parages de Poros, le vent tourne plus Est et forcit un peu en embouquant le canal nord de sa petite mer intérieure. Je déboule à sept nœuds dans cet endroit insolite. Je prends sur ma droite, enroule le génois qui désormais ne porte plus, me retrouvant vent arrière. En vue du mouillage, j’affale la grand voile, prépare l’ancre, tourne un peu sur le plan d’eau à sonder, puis je mouille l’ancre. L’endroit est très apaisant avec des arbres courts et de la végétation verte sur les rives. Après un bain et avoir vérifié l’ancre, la soirée se déroule sous un ciel nuageux.

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