Samedi 20 mai 2023
Le réveil fut désagréable dans ce mouillage du cap Sounion à quatre heures du matin par les houles incessantes provoquées par les cargo au large. C’est sympa en début de nuit mais pénible à la longue. Le vent en a profité pour bien se réveiller lui aussi. Je sens que la navigation va être 100% à la voile, une fois de plus. C’est encore la nuit, même si on sent poindre le soleil légèrement. Je lève l’ancre sans difficulté et envoie la grand voile, cap sur Egine. C’est drôle, j’ai un peu l’impression de rentrer à la maison. Mais ce n’est pas ici ma maison, c’est avec mes deux femmes ! L’éloignement commence à se faire sentir et devient pesant. Je suis un peu traversé de nostalgie et de mélancolie renforcées par la puissance des souvenirs d’avec Babar.
Quant à lui, il avance, il fonce, porté par le Meltem.
Je pense à mes débuts à la voile, je pense à ma famille, à mon Pays Catalan. Maintenant je mets le cap sur l’avenir avec ma Raphaëlle, qu’est ce qu’il y aurait pu y avoir de mieux dans ma vie à ce moment précis de mon existence, elle va me porter loin, me faire évoluer… elle me manque.


Je vais me mettre à l’abri du vent dans ma baie habituelle au sud d’Egine après une belle navigation.
Maintenant que je suis rentré dans le golfe Saronique je n’ai pas grand chose de notable à raconter. Je crains me répéter de mes précédentes navigation. Je vais passer les prochains jours à grenouiller entre Egine, Epidaure (où je vais retrouver mon compagnon à quatre pattes de la dernière fois), Agistri (et son petit port que j’aime tant, l’ambiance y est si douce).









Mardi 23 mai
Il a beaucoup plu depuis deux jours et j’ai commis l’erreur d’étendre à l’intérieur une partie de ma lessive de la veille. Erreur fatale car cela a créé de l’humidité dans le bateau toute la nuit. Mais heureusement le soleil revient et assèche rapidement tout le bateau. Le temps d’aller faire quelques rapides courses, me prendre un café au bistrot du port et je dis adieu à mes amis d’escales, deux parisiens du type vieux potes d’enfance, qui ont loué un bateau en laissant leurs femmes à Athenes faire du shopping pendant une semaine. De très sympathiques bonhommes avec lesquels j’ai partagé un verre la veille au soir. Comme souvent en croisière, on croise des gens, on sympathise et on se quitte à jamais. Et la mer referme tout ça et le bateau continue d’avancer, inéluctablement.


Le vent est faible mais suffisant pour donner des ailes à Babar. L’avantage d’un bateau léger est indiscutable ! Quel plaisir de glisser avec quelques risées et laisser les autres bateaux souvent plus gros scotchés dans la pétole. Quoique je respecte singulièrement ces derniers qui résistent au maximum à la tentation de brancher le moteur, ils sont rares car leur obsession à tous, c’est d’arriver à l’heure à l’apero ! Un peu au hasard, je laisse faire ma curiosité pour aller me trouver une petite place dans une crique située au nord de l’île de Poros, inaccessible par Meltem. Son nom, la calanque Barbari… j’espère qu’elle ne porte pas bien son nom. L’arrivée est grandiose, ce côté ci de l’île, tout comme les autres côtés d’ailleurs à l’exception du sud avec la ville, est sauvage avec des pins à perte de vue et des anfractuosités ressemblant à des petits fjords. Je fais longtemps le tour du propriétaire, enregistre ma trace sur le GPS avec le sondeur actif pour sécuriser ma zone d’évitement. C’est ma méthode lorsque j’arrive dans un mouillage inconnu et assez étroit. Tout semble OK, je mouille l’ancre sur un fond de sable avec quelques roches. Une fois tout en ordre je vais plonger vérifier le mouillage (l’ancre est enfouie) et visiter un peu les fonds alentours. Je passe une belle soirée après m’être mitonné un bon plat de pasta al tonno.



