Samedi 14 mai

C’est avec appréhension que je m’apprête à mettre le moteur en route. Inquiétude vaine, il démarre au quart de tour. Le vent est bon et un clapot se lève dans la baie de Anavissou.

Je dois rejoindre des amis rencontrés il y a deux ans avec Doriane lors de l’épisode du medicane Ianos à Katakolon. Séance émotion en perspective. Je mets le cap sur le nord de l’île de Kéa vers une crique protégée du Sud. Le vent est excellent et j’avale les milles à plus de cinq nœuds. Hélas, peu après avoir dépassé le cap Sud de l’île de Makronisos, le vent s’évapore doucement pour laisser place à la pétole totale, m’obligeant à brancher le moteur. Il me reste dix milles à faire et c’est avec le bourrin et ses nuisances que je vais les effectuer.

Je croise, dans ce chenal entre les deux îles, de nombreux cargos et pétroliers allant et venant du nord au sud et inversement. En arrivant vers la pointe Nord de Kéa, j’aperçois des moutons sur la mer au loin, signe que le vent fait son retour, mais au vu des quelques milles qui me restent je décide de conserver le moteur. C’est alors que, en entrant dans la crique d’Otzios, j’observe un phénomène meteo caractéristique des Cyclades. En mer je recevais le vent de l’est, et dans la crique, celui-ci vient d’ouest ! Voilà, tout est dit des conditions de navigation dans le secteur.

Je mouille l’ancre par six mètres de fond devant les bateaux Kaitos, Xénon et un nouveau venu à bord d’un magnifique Amel de dix sept mètres. Les retrouvailles sont chaleureuses et je regrette que Doriane ne soit pas là pour partager avec nous. La soirée se passe paisiblement entre rigolades, Ouzo et goat (chèvre) à la taverne. Je me laisse bercer par les douces odeurs de la crique entre effluves de maquis, d’eucalyptus et des senteurs d’iode et de terre mouillée.